Au début du XXe siècle, un conducteur de pousse-pousse de condition modeste va aider un garçon qui vient de se blesser en tombant d'un arbre En le ramenant à sa famille, il va se prendre d'affection pour eux, jusqu'à ce que le père de l'enfant décède soudainement ; c'est alors que cet homme, aussi impulsif qu'attachant, va prendre en charge ce garçon, mais également tomber amoureux de celle qui est devenue veuve.


L'histoire du cinéma est constitué de multiples remakes par les mêmes réalisateurs ; que ce soit Yasujiro Ozu, Alfred Hitchcock, Leo McCarey, Takashi Shimizu, Francis Veber, Raoul Walsh, Cecil B. DeMille ou encore Michael Haneke, ces nouvelles versions sont soit dictées par la volonté de refaire quelque chose d'adapté au temps ou par exemple de reprendre le contrôle créatif. C'est le cas de Hiroshi Inagaki, qui va littéralement reprendre le scénario du film de 1943, mais cette fois sans censure, et de faire enfin le film qu'il rêvait, aidé en cela par Toshiro Mifune avec qui il a travaillé sur la trilogie Musashi.


J'ai pu voir les deux versions coup sur coup, et l'exercice est en soi intéressant, car le réalisateur a cette fois les moyens de ses ambitions, en couleurs et cinémascope ; très beau mouvement de grue sur le premier plan, davantage de moyens, et la fin telle qu'il l'a souhaitée, magnifique à souhait, et qui donne une toute autre lumière à cette histoire en sourdine. Celle d'un homme et d'une femme qui ne peuvent s'avouer leurs sentiments, le premier parce qu'il culpabilise de sa condition de conducteur de pousse-pousse, et elle en tant que veuve d'un soldat de l'armée japonaise, et dont on sent que le qu'en dira-t-on est plus fort que tout. L'histoire est exactement la même, plus développée par certains côtés (d'où le fait que ça dure près de 25 minutes de plus), qui permet de voir à quel point Toshiro Mifune est un acteur prodigieux, aussi bien dans l'outrance, comme une salle de jeux où il détruit tout, que dans l'émotion brute, en passant par l'éducation de cet enfant, qu'il voit comme le fils qu'il n'a jamais eu, jusqu'à son départ pour ses études.


Cette fois, l'obstination de Inagaki a payé, car ça sera encore un gros succès, mais il décrochera aussi un Lion d'Or à Venise en 1958. Il y aura encore deux autres adaptations de la même histoire (tirée d'un roman japonais) dans la décennie suivante, mais là, c'est un mélodrame sublime, à la fois humain et émouvant.

Boubakar
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le 30 oct. 2022

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