Question au courrier du cœur d'un magazine : "je l'aime, il m'aime, nos parents sont d'accord... Que faire ?"

Une heureuse surprise que ce film de Philippe Le Guay, 65 ans lors du tournage, et qui le réalise, sans le scénariser comme il le fait pourtant souvent.

Pour ne rien vous cacher, mes fidèles et futés lecteurs (que le remercie chaleureusement au passage faute de pouvoir le faire individuellement comme on dit) savent que j'enregistre tout ce que je commente,( même quand des chaînes tordues essaient de m'en empêcher :genre C 8 sans vous citer de noms) et je cherchais, cherchais ... en vain son nombre d'entrées en salles pour vous éviter ça...

C'est dire que je l'avais pris pour un authentique film du grand écran ! Ce qui représente un sacré compliment pour le metteur en scène dont, à titre d'encouragement, j'optimise la note que j'allais initialement attribuer...

C'est tiré d'un bouquin éponyme de Emmanuel Salinger et dès lors se présentaient à Philippe Le Guay deux options : respecter au plus près le caractère historique de l’œuvre, quitte à choquer le téléspectateur et ne pas lui donner la fin qu'il aurait aimée, attendue, ou bien rendre l'histoire plus attractive en la déclinant librement,ce qui eut entre autres avantages de donner à son titre un côté plus racoleur que cette Annette Zelman que peu connaissent...

L'aventure se laisse suivre sans ennui : c'est Roméo et Juliette décliné sauce opposition sociale et natale, mais malgré les affres de la guerre, ils vont tomber amoureux alors que tout les oppose...

Lui, petit français "bien de chez nous" comme disait Jean Nohain, fils de médecin friqué qui apprécie les mondanités et a des relations, elle juive d' origine polonaise et au standing bien plus modeste voire effacé...

Les parents du jeune homme apprennent avec déception les intentions de mariage qu'il poursuit, jugeant qu'il s'agit d'une mésalliance... Et sous prétexte de le protéger d'une " intrigante", il va commettre de la délation auprès des boches vis à vis de sa trop juive future belle-fille... Je ne vous en dirai pas plus... Sinon que je trouve que le côté tragique du film aurait pu être bien mieux exploité et titiller plus notre empathie vis à vis de la jeune ex-future bru honteusement calomniée.

La simple narration de l'épilogue, au-lieu de sa vision est aussi bien plus castratrice vis à vis du drame que si on l'avait vécue : frustrant et donnant l'impression de voir une fin un peu "expédiée"...

D'autre part, je trouve que l'héroïne (Annette) de ce drame, se donne un peu vite à son amoureux... Jadis, les jeunes filles pubères étaient de véritables forteresses sexuelles à conquérir, la plupart arrivaient vierges au mariage, et le risque de tomber enceintes sans que le père ne reconnaisse ses œuvres, les condamnait au risque de ne plus trouver d'hommes (à cette époque, les jeunes filles cherchaient à "se caser" rapidement car ne travaillant pas, et dépendant entièrement de leur mari) Elles étaient alors écartées de la société bien pensante, classifiées de filles-mères à la réputation douteuse, genre "Marie, couche-toi là"...

Hélas, Le Guay tourne encore les débats amoureux à la façon des réalisateurs américains si craintifs de la censure jusqu'en 1966 !

On suppose dans leur lit que Annette et son amant ont copulé, de là à cacher aussi pudiquement l'acte et les corps qu'on suppose nus constitue une hypocrisie de l'image et de la scène que je trouve infantilisant, voire stupide... et en tout cas très anachronique...

Le choix du casting s'avère excellent, et sans se forcer, Ilona Bachelier irradie l'écran : elle a une présence incontestable sur le plan photogénique et dommage, cet aspect de son talent n'est pas plus mis en valeur...

Lassés de voir sur France 2 des téléfilms sans ambition de tâcherons robotisés par les mauvaises séries les téléspectateurs ont été nombreux à flairer le bon filon et à regarder cette aventure au caractère psychologique très accentué, et non trop atrocités de la seconde guerre mondiale.

Ce film m'a rappelé l'histoire réelle de l'amour contrarié d'Arletty avec un officier allemand pendant la même guerre et qui affirmait péremptoire : "Je suis française mais mon cul lui, est international...."... L'histoire d'Annette Zelman a fait le meilleur score de France 2 lors de sa première présentation avec 3 370 000 téléspectateurs... Preuve est donnée qu'avec un peu de talent, on peut réaliser un film avec talent, sans budget pharaonique, et qui captive bien plus que des séries neu-neu genre "Magella"n et autres aux antipodes de navets genre "Mongeville" que C8 assénait une fois de plus ce soir-là , ou de cette autre scie que représentait l'énième rediffusion de la 7° compagnie qu'on a enfin retrouvée, mais de plus en plus trouvée bien saumâtre !

France 2 le 25.02.2023-TV5 Monde le 03.09.2023-

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le 3 oct. 2023

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