Waw, qu'est-ce que c'était chouette ! Voilà le genre de biopic que j'aime voir : on s'intéresse à une personne, oui, mais à un moment donné, ce qui permet de structurer le récit notamment grâce à un objectif principal clair et précis, de ne pas s'éparpiller sur chaque fait, et ainsi d'éviter la liste d'anecdotes historiques décousues. Et puis le récit ne repose pas uniquement sur le statut de biopic, du coup ce n'est pas que un biopic, c'est surtout une histoire avec deux personnages, les auteurs n'ont certainement pas trop hésité à changer certains faits pour que ça colle à l'histoire qu'ils ont voulu raconter et non pour coller à l'Histoire. D'une certaine manière, ce film me fait penser à "Lust for life", on y retrouve la même passion pour son art ; ensuite ça me fait penser à "Whiplash" : certes, le pape n'est pas le professeur du peintre, mais il exerce sur lui une pression similaire pour en tirer le meilleur.


Le récit est bien ficelé, articulé entre ces deux personnages qui s'opposent et en même temps qui se ressemblent tant. Et oui, la force du récit tient dans ces querelles mais aussi ces réconciliations ; les deux personnages sont forts, sont fiers et ne se laissent pas faire par l'autre. L'intrigue est simple et efficace. j'ai apprécié la manière dont la love story est écartée (en revanche, on ne soufflera mot de l'homosexualité du peintre, au point que Heston ira jusqu'à affirmer en interview qu'il n'était pas homosexuel).


En plus d'un récit bien narré, le spectateur a droit à une belle plongée dans une époque lointaine : la reconstitution est intéressante, on y apprend des choses ; par exemple j'étais bien content de découvrir comment réaliser une fresque. Ç'aurait pu être plus approfondi, plus précis, plus technique encore, mais en l'état c'est déjà pas mal. À ce ton, on peut ajouter de la comédie (ce running gag quand le pape demande au peintre quand il aura terminé).


La mise en scène est splendide : le visuel est léché grâce à de belles compositions mais aussi de belles lumières et de belles couleurs. L'on appréciera surtout le soin apporté aux détails (tous ces motifs, mais aussi les costumes et les décors d'une manière générale). On a l'impression d'y revivre (c'est parfois un rien trop propre mais globalement c'est tout de même assez poussiéreux).


Les acteurs sont excellents ; apparemment les deux têtes d'affiche ne s'entendaient pas, tant mieux cela renforce l'animosité dans les querelles des personnages. Heston est excellent, il parvient à mettre son jeu théâtral et son égocentrisme de côté pour composer un personnage timide, pas sûr de lui, introverti même, mais passionné par son art. Et même quand il se relâche (comme lorsqu'il regarde au loin après avoir cassé du rocher), il reste cool, impérial, magnifique. Rex Harrison est tout aussi impressionnant ; les deux acteurs ont une énergie différente, ils se complémentent.


Bref, voilà une bien belle histoire.

Fatpooper
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le 9 oct. 2017

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Fatpooper

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