Émule du Cuirassé Potemkine, ce film dépeint une mutinerie d'esclaves à bord d'un train lancé à toute allure à travers la Chine. À la différence du cuirassé d'Eisenstein, le train d'Ilya Trauberg contient toutes les classes sociales : comme si la population tout entière était embarquée dans la révolution en marche. Le "train de la révolution", métaphore usuelle pour désigner l'acmé de la lutte de classes, est ici pris au pied de la lettre. Le traitement du récit en est facilité, jusqu'à la proclamation enthousiaste de la fin : "La voie est libre !" pour la révolution mondiale (conformément aux espérances révolutionnaires et aux craintes conservatrices des années 1920).
La première partie du film dépeint une situation de grande détresse chez les ouvriers-esclaves emmenés de force dans le train : une série d'images en flash-back dépeint la mainmise sur tout le corps d'un ouvrier, ses mains, ses pieds, son dos.
Une image forte à retenir : un esclavagiste compte sur un boulier les enfants esclaves qu'il a à sa disposition. Apercevant l'une de ces enfants apparemment gravement malade, il a pour seule réaction de la rayer de son décompte.
C'est une série d'avanies qui se déroule jusqu'à l'explosion de la mutinerie à l'occasion d'un viol meurtrier qui déclenche la mutinerie, promesse d'une révolution à venir.
Le film reprend l'esthétique d'Eisenstein d'un montage démonstratif, au service d'une parabole idéologique à grande vitesse. Comme les films d'Eisenstein, de la classe ouvrière se détachent quelques figures héroïques préposées au martyre et au sacrifice.