Après Halloween, David Gordon Green s’attaque à un autre monument du film d'épouvante, L’Exorciste. Le résultat est une insulte à l'œuvre culte du défunt William Friedkin, ainsi qu’au cinéma d’épouvante.



Au commencement


Haïti, une femme enceinte déambule dans un marché, en s’émerveillant du monde qui s’agite autour d’elle. Elle se comporte comme une White Savior, alors que c’est une femme noire. Est-elle possédée? A t’on investi son corps comme dans Get Out?


Pendant ce temps, son mari Victor (Leslie Odom Jr.) prend en photo la beauté des paysages de ce pays parmi les plus pauvres du monde. Un moment idyllique qui vire au drame suite à un séisme.


13 ans plus tard, on se retrouve aux États Unis. Victor est devenu un père veuf célibataire qui élève sa fille Angela (Lidya Jewett). Malheureusement, la vie est une suite de situations dramatiques qui va faire d’elle, une nouvelle victime du diable et de ses démons, ainsi que son amie Katherine (Olivia O’Neill).



Va brûler en enfer David Gordon Green


L’Exorciste - Dévotion, dont on espère que le souhait de William Friedkin de revenir hanter l’hérétique David Gordon Green va bien se réaliser, est une abomination.


Le réalisateur tente de recréer la même recette que pour sa trilogie Halloween, qui ne fut pas une franche réussite.


Après Jamie Lee Curtis, il sort Ellen Burstyn de son EHPAD pour la ridiculiser aux yeux du monde. Une référence tout en finesse à son triste sort. En son absence, des photos de Linda Blair sont accrochées à une sorte d’arbre d’intérieur dans la demeure luxueuse de sa mère. Elles ne sont plus en lien. Angela va se charger de nous le rappeler, en griffonnant avec ses ongles Regan sur le rebord de la fenêtre de sa chambre au sein d’un hôpital psychiatrique. Un lieu que son aînée à bien connu dans L’Exorciste 2 : L'Hérétique de John Boorman. Une suite des plus dispensable.


Dès la première scène, David Gordon Green se réfère à l'œuvre originelle avec des chiens qui font preuve d’une certaine animosité sur la plage. De l’Égypte, nous sommes passés à Haïti. D’une mère célibataire avec une fille unique, on passe à un homme veuf célibataire avec aussi une fille unique. D’une actrice, on passe à un photographe. On reste dans le domaine artistique. Le parent et la fille ont la même complicité. Nous sommes dans une sorte de remake qui reprend la trame et les codes des œuvres précédentes. Il en résulte une bouillie infâme.


La mise en place est laborieuse. Avec la disparition de Angela et Katherine, le film d’épouvante ressemble plus à une œuvre du genre Prisoners de Denis Villeneuve, sans parvenir à en atteindre la moindre de ses qualités. La photographie est constamment sombre. De jour comme de nuit, sous le soleil comme sous la pluie, dans la chambre où la cuisine, on nous plonge constamment dans l’obscurité. C’est le seul aspect légèrement inquiétant dans une histoire qui n’offre pas le moindre frisson, ni même une ambiance susceptible de créer une certaine angoisse entre deux bâillements. Car, il faut bien le reconnaître, entre deux insultes et tentatives laborieuses de nous bousculer sur notre fauteuil, on s’ennuie royalement. La mise en scène de David Gordon Green, d’une désespérante platitude, est une problématique parmi tant d'autres au sein d’une histoire bancale.


Mais le pire est à venir. Il réside dans son prosélytisme. Suite au décès de sa femme, Victor a perdu la foi. Dans son quartier pavillonnaire, il semble être le seul à ne pas croire en Dieu. Limite, on se demande si nous ne sommes pas au sein d'une secte. Les références à la religion sont constantes, au point de devenir d’une lourdeur affligeante avec comme message : si tu crois en Dieu, tu vas sauver ta fille. A une nuance près, il ne faut pas oublier de la baptiser.


L’exorcisme est censé être le point culminant d’une œuvre qui ne cesse de se rater dans tout ce qu’elle tente de mettre en place. Les protagonistes se réunissent tels les Avengers pour affronter les démons, autour des deux jeunes filles possédées, dont on a surtout l’impression qu’elles ont fait une allergie à une injection de botox. Le prêtre en plein conflit intérieur, débarque tel le messie pour répandre la sainte parole, alléluia!


Nous sommes en plein délire. C’est une entreprise de démolition massive du film culte de William Friedkin. Même le thème de Mike Oldfield, Tubular Bells, est massacré. On ne nous épargne rien, jusqu’à la dernière seconde…



Enfin bref….


L’Exorciste - Dévotion est une hérésie qui a toute sa place dans les bas-fond du catalogue d’un site de streaming comme Salto, qui a fermé ses portes de l’enfer. On espère que ses résultats catastrophiques au box office vont mettre un terme à cette mode du reboot, car David Gordon Green est capable d’anéantir d’autres classiques du cinéma d’épouvante.

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le 19 oct. 2023

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Laurent Doe

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