________________________________Spoilers à tous les étages_________________________


Cette critique fait partie de la liste "Un livre, un film" et "1 film, 2 montages (voire plus)".
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Roman: William Peter Blatty Titre original: The Exorcist, paru en 1971.
Adaptation: William Peter Blatty


Fidélité d'adaptation : 98% environ


Qualité d'adaptation : 100%


                                                     **Différence entre le roman et le film.**

Les personnages :


Le plus gros changement concerne le background des personnages de Karl et Willie (le couple de domestique travaillant pour les MacNeil), car dans le roman ils sont les parents d'une jeune fille junkie Elvira- qui vit dans un misérable appartement sordide avec un autre toxico.
Karl y fait des expéditions récurrentes pour lui donner de l'argent (Willie la croit disparue), ne recevant que mépris de la part de sa fille, uniquement intéressé par cette manne financière lui permettant d'acheter sa drogue.


Chris MacNeil (Ellen Burstyn) modelée d'après l'actrice Shirley MacLaine (à qui il destinait le rôle), change forcément puisque c'est Burstyn qui prend le relais à l'écran.


Regan MacNeil (Linda Blair) pas de changement notable.


Damien Karras (Jason Miller), pas de changement notable.


Lancaster Merrin (Max Von Sydow)  : pas de changement notable.


William Kinderman (Lee J,Cobb) : d'un personnage replet, il devient un homme au physique aminci.


Burke Dennings (Jack McGowran), quasiment identique à la description faite par Blatty dans son roman.


Sharon Spencer (Kitty Winn), pas de changement notable.


Joseph Dyer (Rvt William O'Malley) : pas de changement notable.


Karl Engstrom (Rudolf Schündler ) : chauve dans le roman mais pas dans le film. Carrure identique.


Willi Engstrom (Gina Petrushka) : pas de changement notable.


Elvira Engstrom : fille de Karl et Willi, éliminée du script.


Jamie MacNeil : frère ainé de Regan, décédé à l'âgé de 3 ans (antérieurement à la naissance de celle-ci. Éliminé du script.


L'histoire:


Que dire des différences entre le roman et le film, si ce n'est qu'il n'y en a guère !
Exception faite de la fille des Engstrom qui n’apparaîtra jamais, il n'y a que le laïus dans les escaliers, la première visite de Regan à l'hôpital, la fameuse scène du Spiderwalk et la tirade finale sur la nouvelle amitié entre Kinderman et Dyer qui furent coupées de la version 73 (puis réintégrée dans le director's cut de 2000).


Irak by Krzysztof Penderecki:
https://www.youtube.com/watch?v=pKRVQa2TC3s


The Exorcist - écrit et produit par Blatty même - je le rappelle pour les plus distraits - est l'une des meilleures adaptations littéraires à l'écran.
Grâce à la réalisation exceptionnelle de Friedkin (qui a travaillé en étroite collaboration avec Blatty), à l'interprétation habitée des acteurs, aux effets de maquillage et de plateau - soit Dick Smith et Marcel Vercoutere -, à l'agencement de la BO et à la photo de Roizman, ce film décidément insurpassable (à mon sens) est un sommet dans le genre.


L'apparition d'un événement extraordinaire dans un environnement ordinaire, fait tout le sel de ce récit (autant le livre que le film), amenant le Mal à l'état pur dans l'existence d'une famille monoparentale dans un crescendo lancinant, gravissant étape par étape jusqu'au final infernal.
Friedkin - grandement aidé par le script de Blatty - se refuse à y intégrer un quelconque décorum gothique qui aurait pu affadir ce concept.
La banalité (même si cela se passe dans un monde relativement aisé) de l'existence de la famille MacNeil va donc progressivement basculer dans l'incompréhension puis la peur primale, face à l'inconnu que la science ne pourra régler.
L'horreur larvée dans le corps de cette petite fille ne saura donc être expliquée de manière rationnelle, ni par le corps médical, ni par la psychologie, mais par un rite ancien se rappellant un succédané de sorcellerie.


Pour donner corps à cette ambiance malsaine, Friedkin usera - et abusera - de tous les stratagèmes pour obtenir ce qu'il veut :



  • il ordonnera ainsi d'envoyer violemment Ellen Burstyn contre un mur (harnachée à un câble tiré par un technicien complice) pour obtenir la réaction adéquate,


    • tirera un coup de pistolet (à blanc) non loin de Jason Miller, lorsque la sonnerie du téléphone le fait sursauter après avoir écouter la bande enregistrée,


    • surprendra le même Miller en lui envoyant une salve de purée de pois (figurant du vomi) en plein visage,


    • réfrigérera le décor de la chambre de Regan pour soulignerd'une manière réaliste la température extrême,


    • et enverra une baffe à William O'Malley ( un Révérend à la ville comme à l'écran!) pour que celui-ci réussisse à avoir des larmes sincères, lors de la mort de Karras...



Tout cela concourra à donner une certaine authenticité au déroulement de l'histoire à l'écran.


"Ego te absolvo" , pourrait-on dire à Sieur Friedkin, tant il a réussi son pari.


PS : Concernant le Director's Cut de 2000 (2001 en France), il saccagera bizarrement son film:



  • en incrustant des Pazuzu en synthèse en veux-tu-en-voilà,


-en modifiant la Spiderwalk d'une manière lamentable (à l'origine, Regan descendait l'escalier arquée sur le dos - comme une sorte d'araignée, donc - puis une fois sur le plancher, elle dardait une langue démesurée - une extension fabriquée par Dick Smith - et passait sa tête sous la jupe de Sharon.
Mais la nouvelle version s'arrête dans l'escalier et Regan hurle en gros plan et crache du sang, (bravo la finesse !).


-mais surtout, il détruira la puissance émotionnelle de la scène du rêve de Karras - où apparait la fameuse image subliminale du visage démoniaque - en rajoutant une musique inopportune en lieu et place d'un silence sépulcral tout juste rythmée par la respiration saccadée du prêtre...


Cependant, le propos général sera modifiée après la réinsertion du court échange entre Dyer et Kinderman dans l'escalier.
Cette modification finale rendra donc le film plus positif que la version d'origine.


En effet, là où Ex73 finissait sur la "fuite" des MacNeil puis sur le plan final montrant le Révérend Dyer au sommet des marches de la rue "M" - et la souffrance du sacrifice de Karras- Ex2000 se clôt sur Kinderman refaisant le coup du cinéma avec Dyer, chose qu'il avait fait avec Karras, suggérant un message positif sur une probable amitié naissante...


De cette version 2000, seuls le rajout de deux scènes - qui n'auraient jamais dû être retirées de la version 73- mérite le détour :



  • la courte discussion dans l'escalier mentionnée un peu plus haut entre Karras et Merrin (« l'objectif du démon, c'est nous Damien...pour nous amener au désespoir,,, ») - entre deux assauts satanique,


  • et la première visite de Regan à l'hôpital - répondant ainsi au dialogue de Chris à sa fille, qui parle de cette visite.



Polymorphia by Krzysztof Penderecki
https://www.youtube.com/watch?v=eM2J5QQh_Ns&list=PLxUSrqj9GN2gcHJXYn9qDQxiC8SEKjwSA&index=4


Reste une scène (dont la bande-son a disparue) sur le carreau, lorsque Chris et Regan vont faire une promenade mère-fille, sorte de retrouvailles avant le début des hostilités.


« Non ego te absolvo », sur cette relecture 2000, Bill …


Après, il ne fit que se ranger à l'avis de l'autre Bill (Blatty), avec qui il était en « lutte » après la version 1973.
Le mieux étant de voir la version 73 avec la scènes de l'escalier entre les deux prêtres et celle de l'hôpital réinsérées.
Ce montage n'existe pas, mais je m'y suis attelé pour mon envie personnelle.


« Quod nomen mihi est?
La plume de ma tante.. ! »


End Credits by Hans Werner Henze (Fantasia for Strings) and Mike Oldfield (Tubular Bells)
https://www.youtube.com/watch?v=uFIs_Ddfahk


PS:
William Peter Blatty (romancier/scénariste/réalisateur): 1928 - 2017
Mercedes Mc Cambridge (Voice of Possessed Regan): 1916 - 2004
Jason Miller (Father Karras): 1939 - 2001
Lee J. Cobb (Lieutenant Kinderman): 1911 - 1976


Rest In Peaces, all of you...
Jack MacGowran (Burke Dennings): 1918 - 1973


Livre : 9/10
Film : 10/10

Créée

le 12 nov. 2016

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The Lizard King

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