Une idée originale et intrigante broyée dans un film vide, triste et d'un amateurisme incroyable.

De prime abord, ce premier film avec de jeunes acteurs français quasi inconnus donne envie. Le postulat est original et intrigant comme rarement sous les latitudes du cinéma tricolore. Jugez plutôt : un cataclysme nucléaire a lieu dans une région rurale de France et oblige les autorités à faire évacuer la zone. Un groupe de jeunes amis ne parvient pas à fuir et se réfugie dans une vieille ferme abandonnée où les sentiments et le courage de chacun sera mis à rude épreuve. Un sujet en or qui sort des sentiers battus et qui aurait permis moultes développements de toutes sortes. On pense au rôle de l’État et des médias dans ce genre de situations, à un huis-clos catastrophe, à une étude de caractères ou encore à un thriller de survie. Malheureusement rien de tout cela n’arrivera. Avec « L’Été nucléaire » (quel beau titre de surcroit), on coche toutes les cases de ce qu’il ne faut pas faire au cinéma. Ou comment gâcher un superbe pitch en prenant toutes les mauvaises directions possibles. Si le film n’est pas non plus déplaisant grâce à de jeunes acteurs plutôt corrects et quelques plans contextuels source d’une atmosphère singulière, il n’offre rien et mouline dans le vide.


D’ailleurs sa courte durée est éloquente et montre bien que Gaël Lépingle n’a pas grand-chose à raconter et ne sait pas quoi faire de son sujet. Et donc plus ça avance, plus on se demande ce que cet embryon de film veut nous raconter. Le script nous offre plein de pistes en tous genres mais n’en approfondit aucune. Les personnages ne sont pas forcément caricaturaux mais ils ne sont absolument pas creusés. On a droit à des bribes de relations, des bribes d’explications et des bribes de thématiques jetées en pâture par-ci, par-là. On se rend compte une fois le long-métrage terminé qu’il y a également pas mal de séquences qui ne servent à rien dont celle, complètement illogique et agaçante, de la fuite du personnage principal. Il y a beaucoup de suppositions sur les liens qui unissent ces cinq amis mais on ne saura quasiment rien de ces rapports. Qui aime qui? Quelle sont les attaches de tel protagoniste avec tel autre? Du néant, des questions sans réponse et un postulat génial gâché par un scénario amorphe et un huis-clos où il ne se passe rien. Et la fin est du même acabit : abrupte et atone. C’est ce qui s’appelle une sacrée douche froide, et le contexte du nucléaire n’apporte au final pas grand-chose à ce film microscopique aussi désastreux que son sujet proche de l'amateurisme.

JorikVesperhaven
3

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le 17 nov. 2021

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Rémy Fiers

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