Faut vraiment que j'arrête d'attaquer et mon repas et un Fulci en même temps... Je devrais pourtant le savoir que le monsieur aime à mettre des bestioles grouillantes et dégoûtantes dès le début de ses films. Bref, laissons de côté mes déboires alimentaires et revenons-en à ce qui nous intéresse : L'enfer des zombies.
Bien que la scène décrite dans mon titre (oui oui, elle existe bel et bien) suffise à vendre le film à n'importe quel quidam ayant un tant soit peu de jugeotte et / ou de testostérone.

Surfant sur le succès du "Zombie" de Romero, on propose à Fulci la réalisation de ce qui en VO s'appellera "Zombi 2", mais hormis les morts-vivant affamés, peu de liens sont à faire entre les deux films. Là ou Romero livre un fort message social, Fulci retourne aux sources du zombie à savoir le vaudoo, le surnaturel, l'inexplicable. Le gore aussi, mais on y reviendra.

Du coup après un bref mais sympathique passage à New York, j'aime d'ailleurs beaucoup la scène d'ouverture avec le voilier à l'abandon, nous partons aux Antilles, berceau de nos mangeurs de chair, dans une ambiance qui n'est pas sans rappeler celle de "I walk with a zombie" de Jacques Tourneur. A peine avons-nous atterri qu'une musique digne d'un épisode des Vacances de l'amour vient souligner pour les plus distraits le fait que nous sommes désormais dans une île tropicale... Action louable certes mais un peu inutile car à la vue des palmiers et des plages de sable fin, même les plus connauds avaient percuté.

Alors il y a tout de même des défauts dans "L'enfer des zombies" :
- Pas mal de faux raccords : t-shirt avec ou sans sang dans deux plans qui se suivent, à croire que le gus, hors caméra est allé se prendre un p'tit bain de tripailles.
- Des plans réutilisés maladroitement : quatre lancers de cocktails molotov pour une seule et même scène d'embrasement répétée quatre fois, ON T'A GRILLÉ LUCIO !
- Les éternelles scènes fortuites voir totalement incongrues juste là pour donner de quoi se rincer l’œil à ces messieurs. Vas-y toi plonger en string riquiqui dans des massifs coralliens, et on en reparle quand tu seras transformé en steak haché ! Bon, j'admets que c'est fait avec si peu de subtilité que c'en devient sympatoche.

Avec tout ça, on va dire que je surnote, mais en fait pas du tout. Car là ou dans un film mauvais ou mal négocié tout ceci le ferait pencher lourdement du côté nanardesque de la force, ici ça passe car l'horreur et l'épouvante que nous sommes en droit d'attendre de la pellicule est bien là.
Et c'est parfaitement maîtrisé.

Fulci veut que le côté monstrueux du zombie nous explose aux mirettes et c'est très réussi tant au niveau des zombies eux-mêmes (pour moi ce sont bien les moins ragoûtant des morts-vivants que j'ai vu) qu'au gore des scènes de repas de ces derniers ou de leurs attaques. La tension monte parfaitement lorsqu'elle le doit comme dans une géniale scène d'énucléation oculaire (oui ça sonnait mieux que "p'tain son œil il a prit cher !"), ce type de réjouissance étant coutumière du cinéma du réalisateur italien, et le tout se fait glaçant et marquant dans une fin qui n'aurait pas pu être mieux orchestrée.

J'aurais p't'être aimé des personnages principaux un peu moins fades, Ian McCulloch et Tisa Farrow (oui "la soeur de") étant beaucoup trop transparents et le talent d'Auretta Gay s'arrêtant à sa faculté de bien porter le string...euh pardon, la bouteille de plongée. La distribution est néanmoins relevée par l'excellent Richard Johnson ("La maison du diable" de Wise) ou encore Al Cliver, qui retournera avec Fulci à plusieurs reprises.
Et à noter qu'il est presque sacrilège de vouloir abîmer d'aussi beaux yeux que ceux d'Olga Karlatov. Comment ça "on s'en fout" ?!

Concluons sur le thème composé par Fabio Frizzi ("L'emmurée vivante") qui envoie du bois tel Pinocchio en Syrie et vous fera zapper cet entêtant fond sonore de tam-tam.

P.S. : oui, "entêtant" est une façon polie de dire "chiant au possible quand ça fait trois quart d'heure que tu l'entends ce put**n de tam-tam de m***e !"
Pravda
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le 5 janv. 2015

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