L'Enfant et le Maudit
6.7
L'Enfant et le Maudit

Long-métrage d'animation de Kubo Yutarou (2022)

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[Remarques générales. Je n'ai pas envie de juger et noter des films que je n'ai vus qu'une fois, souvent avec peu de connaissance du contexte de production. Je note donc 5 par défaut, et 10 ou 1 en cas de coup de cœur ou si le film m'a particulièrement énervé. Ma « critique » liste et analyse plutôt les éléments qui m'ont (dé)plu, interpellé, fait réfléchir, ému, etc. Attention, tout ceci sans égard pour les spoilers !]


Ah, les bandes-annonces !... Entre celles qui dévoilent trop et celles qui font des promesses que le film ne tient pas, elles sont la cause de beaucoup de dépit. En l'occurrence, j'ai trouvé rétrospectivement celle de L'enfant et le maudit à la fois mystérieuse comme il faut et tout à fait fidèle au film. Mais c'est de la séance même que je ressors avec cette impression de mystère et de promesses caractéristique d'une fin de bonne bande-annonce.


Je n'ai, en effet, pas appris beaucoup plus sur l'univers du film, voire sur l'histoire, que ce que contenaient la bande-annonce et le petit texte de présentation de la séance. Quelle est cette malédiction, d'où vient-elle ? Quelles sont les relations entre l'Intérieur et l'Extérieur ? Qu'espère le Professeur en prenant soin de Sheeva, et qu'est-ce que les autres maudit·es veulent d'elle ? Les personnages semblent commencer à exister en même temps que le film commence, la principale backstory du Professeur étant justement d'avoir oublié son passé... En substance, l'histoire n'évolue quasiment pas : on commence par la rencontre entre Sheeva et le Professeur, et le fait qu'iels s'acceptent mutuellement malgré leurs apparences différentes, et la résolution finale est que... Sheeva et le Professeur s'acceptent et s'aiment malgré leurs apparences différentes. Je découvre a posteriori que le film est une adaptation d'un manga en onze tomes, ce qui confirme cette impression qu'il y a quelque chose derrière, un univers construit et cohérent avec des réponses à mes questions, mais que le film échoue à me restituer.


Par ailleurs, il y a une ligne artistique rigoureusement suivie autour du blanc et du noir, Sheeva toute blanche, le Professeur tout noir, comme les autres maudit·es et l'Extérieur qu'iels habitent, avec autour des couleurs pastel, le marron et le gris de la maison, le bleu-vert délavé du ciel ou de la forêt... (Et puis tout à coup, des fleurs de couleur vive, et l'émerveillement de Sheeva est communicatif !) Même si j'ai trouvé ça assez joli, je trouve que ça s'essouffle un peu ne peux pas m'empêcher de constater que ça pousse fort à la binarité, quelque chose de très yin yang, notamment entre les deux personnages principaux, la petite Sheeva à la foix fluette qui fait les poussières et le grand et digne Professeur qui déplace les meubles... Oui, je crois que j'aurais eu plus de facilité à apprécier cette binarité-là si elle ne se superposait pas à tant d'autres (l'humaine et la bête, l'enfant et l'adulte, le personnage féminin et le personnage masculin...) Il y a à la fois quelque chose qui me touche dans cette volonté de faire cohabiter et s'aimer le Noir et le Blanc au-delà du Mal et du Bien, et quelque chose qui m'attriste dans cette impossibilité persistance du contact, cette imperméabilité – ce refus du gris.


Je retiens tout le style de dessin que j'ai trouvé beau (qui m'a soit dit en passant souvent rappelé l'univers du jeu vidéo GRIS) et la tendresse de la relation entre Sheeva et le Professeur : la séance a été un moment agréable, même si un peu frustrant !

Rometach
5
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le 24 févr. 2023

Critique lue 34 fois

Rometach

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