L'Empreinte de l'ange par Gérard Rocher La Fête de l'Art

A l'issue d'une fête enfantine à laquelle participe son fils Thomas, Elsa Valentin ne se doutait pas que sa vie allait une nouvelle fois être bouleversée. En effet l'anniversaire de Jérémie Vigeaux, un copain de Thomas, terminé, Elsa, reprenant son fils, remarque au milieu des enfants une petite fille. En interrogeant Thomas elle apprend que celle fillette est la petite soeur de Jérémie et se prénomme Lola. Elsa va alors être troublée puis perturbée à un point tel qu'elle va se lancer dans une véritable enquête et harceler les parents de la fillette, Claire et Bernard Vigneaux.. Elle va suivre Lola, tenter de s'en occuper, et même l'épier, à la grande réprobation de ses parents de plus en plus intrigués par ce comportement. Cette femme a-t-elle de mauvaises intentions, est-elle en mal d'enfant ou tout simplement atteinte de folie? Toutes ces interrogations traversent l'esprit des parents de Jérémie et de Lola. Toujours est-il que c'est un véritable drame qui se joue dans l'existence d'Elsa déjà victime d'un passé très perturbé et lourd de conséquences familiales.


Par ce film nous voici au coeur d'une histoire véridique. Toutefois il s'agit là d'un scénario original qui n'a pas été tiré du livre de Nancy Huston "L'empreinte de l'ange". Elsa vit séparée de son mari, le couple ayant subi les assauts d'un drame terrible, la mort de leur petite fille. Elsa n'a jamais réussi à combattre réellement cette épreuve et elle en demeure très perturbée. Ni le soutien de ses parents, ni son métier de préparatrice en pharmacie ne parviennent pas à chasser les vieux démons. C'est tout à fait par hasard qu'elle va faire un singulier rapprochement avec sa propre enfant en apercevant la petite Lola. En effet un véritable flash va se graver en elle et un instinct bestial va la pousser par tous les moyens possibles à rencontrer l'enfant. Ce comportement attire bien sûr l'attention de Claire et de Bernard . La gentillesse se transforme alors en méfiance et la méfiance en défiance. Pourtant Elsa persiste. Son ex-mari, ses parents et même son fils ne peuvent admettre ce raisonnement absurde qui revient comme une obsession : Lola est ma fille, non! ma propre enfant ne peut être morte, elle est forcément vivante. Elsa va alors entraîner Claire et Bernard dans une angoissante spirale qui finira par plonger le couple dans l'inquiétude voire la panique. Malgré les menaces, Elsa est comme aimantée à la petite Lola qui ne peut être que le fruit de ses entrailles au point de prendre le risque de demander à faire un test ADN...


Il est bien difficile de pouvoir d'aller plus loin dans cette analyse de film car cette remarquable réalisation de Safy Nebbou entraîne le spectateur dans une étude psychologique extrêmement réaliste et minutieuse des personnages. De plus nous sommes emmenés dans un genre de suspens au climat étouffant à tel point qu'il m'est rarement arrivé de vivre un tel moment d'angoisse et d'émotion devant un écran. Tout au long de ce film on se sent anxieux car derrière chaque séquence on s'attend à voir surgir un évènement majeur voire catastrophique. Cette impression est entretenue par ce climat trouble puis violent provenant de cette défiance entre deux femmes dont l'agressivité va finir par atteindre son paroxysme dans le but de s'approprier une certitude autour de la petite Lola.
Pour en arriver à un aussi brillant résultat, il faut saluer la performance assez exceptionnelle des deux actrices principales. Catherine Frot est tout simplement impériale dans un rôle délicat et nous donne encore la preuve qu'elle est également une grande tragédienne. Elle se montre parfois poignante, parfois révoltante, elle se montre séduisante mais peut devenir une femme inquiétante au visage torturé. Face à elle, dans le rôle de Claire, Sandrine Bonnaire nous offre aussi un très, très grand numéro. Son attitude évolue au fil des évenements cherchant à tout prix à protéger sa fille face aux assauts parfois sournois d'Elsa. Bref il fallait bien à ces deux immenses comédiennes une grande sensibilité féminine pour entrer avec autant de justesse dans la peau de personnages aussi ambigus l'un que l'autre. J'aimerais également insister sur la très bonne interprétation d'Héloïse Cunin dans le rôle de Lola, de Zacharie Chasseriaud dans celui de Jérémie et d' Arthur Vaughan Whitehead dans dans l'interprétation de Thomas. Leur naturel fait plaisir à voir et démontre un talent précoce . Wladimir Yordanoff, Antoine Chappey et Michel Aumont apportent leur contribution à cette oeuvre avec beaucoup de brio.


Il est des films que l'on ne peut chasser de sa mémoire et celui-ci fait partie de ces oeuvres qu'on demande à revoir. Il est incontestable que Safy Nebbou qui a connu un beau succès avec "Le cou de la girafe" est un grand réalisateur car l'entreprise n'était pas facile. Il nous livre un film qui fait honneur au cinéma français et qui mériterait certainement une sélection ou une nomination pour recevoir une juste récompense.

Grard-Rocher
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les très bons films. et Cinéma : Entrez dans monde du drame.

Créée

le 10 avr. 2013

Critique lue 1.6K fois

17 j'aime

11 commentaires

Critique lue 1.6K fois

17
11

D'autres avis sur L'Empreinte de l'ange

L'Empreinte de l'ange
Vnr-Herzog
5

J'temprunte tes langes

Voilà ce qui s'appelle passer royalement à côté de son sujet. Avec son idée de départ forte et poignante (une mère en plein divorce croit, en voyant la soeur d'un camarade à son fils, reconnaitre sa...

le 29 mai 2011

6 j'aime

3

L'Empreinte de l'ange
mitoboy
8

Un film dur et poignant au scénario soigné et bien traité.

Un film dur et poignant au scénario soigné et bien traité. Un duo remarquable entre deux grandes actrices qui apportent beaucoup d'émotion à ce très beau film. Safy Nebbou nous embarque dans un drame...

le 10 mai 2011

3 j'aime

2

L'Empreinte de l'ange
Thierry_Dupreui
8

Un scénario soigné où le suspense est de la partie.

Un drame psychologique haletant qui traite d'un thème poignant, la perte d'un enfant........ Ce film capte notre attention dès le début grâce à Catherine Frot et Sandrine Bonaire qui dégagent une...

le 5 déc. 2019

2 j'aime

8

Du même critique

Amadeus
Grard-Rocher
9

Critique de Amadeus par Gérard Rocher La Fête de l'Art

"Pardonne Mozart, pardonne à ton assassin!" C'est le cri de désespoir d'un vieil homme usé et rongé par le remords qui retentit, une triste nuit de novembre 1823 à Venise. Ce vieil homme est Antonio...

176 j'aime

68

Mulholland Drive
Grard-Rocher
9

Critique de Mulholland Drive par Gérard Rocher La Fête de l'Art

En pleine nuit sur la petite route de Mulholland Drive, située en surplomb de Los Angeles, un accident de la circulation se produit. La survivante, Rita, est une femme séduisante qui parvient à...

166 j'aime

35

Pierrot le Fou
Grard-Rocher
9

Critique de Pierrot le Fou par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Ferdinand Griffon est entré malgré lui dans le milieu bourgeois par son épouse avec laquelle il vit sans grand enthousiasme. Sa vie brusquement bascule lorsqu'il rencontre au cours d'une réception...

156 j'aime

47