Précédé d'une réputation plutôt flatteuse de film laissant une trace chez le spectateur, L’Échelle de Jacob est difficile à classer dans un genre unique et vraiment représentatif de l'ensemble de l’œuvre d'Adrian Lyne. Vaguement film d'épouvante, un peu policier dans sa manière de nous trimbaler dans une enquête psychologique qui se transforme en enquête dans le monde militaire pendant un instant (fugace), allégorie aux accents bibliques ; le film est un peu tout ça à la fois, du moins jusqu'au twist final. Certains n'apprécieront pas mais cette semée de fausses pistes est plutôt fonctionnelle et s'appuie sur de solides arguments.
Le premier d'entre eux est sans aucun doute l'esthétique du film, frappante dés la scène post introduction, où l'on découvre le métro fumant, crasseux et fréquenté par des individus peu avenant où l'éclairage fait merveille pour nous mettre dans l'ambiance. Les séquences de ce genre sont pléthores et l'on retrouvera cette patte visuelle (et sonore !) à l'occasion d'une fête dans un appartement (avec un crescendo étouffant) ou encore dans un hôpital (un moment qui aurait toute sa place dans une adaptation cinématographique de Silent Hill).
Le scénario, un peu brinquebalant par instant, est aussi soutenu par l'interprétation de l'acteur principal, mais aussi de la part des seconds rôles, dégageant énormément de sympathie. Le jeu d'acteur fleure bon les années 80 et le charme opère, notamment dans les moments plus légers où l'identification ou tout du moins l'affection doit s'installer.
L’Échelle de Jacob est typiquement le genre de film qui nécessite un deuxième visionnage pour vérifier si les choix de narration et de scénario voulant décontenancer le spectateur fonctionnent encore, mais en l'espèce il semble que les qualités autres du film le préserve de toute déconvenue. On peut même sans doute y découvrir d'autres éléments, qui sait ?
Quoiqu'il en soit cette quête d'un homme ancré dans la folie et qui cherche des réponses est parfaitement mise en place dans un monde angoissant, mettant sous tension le spectateur, le plongeant dans un bain glacé tout le long du film, entrecoupé de moments brefs d'interrogation et de paisibles moments de vie quotidienne.