Le film alterne des séquences sur la guerre du Vietnam, où l'on voit le héros, Jacob Singer, et un groupe d'amis tirer dans la jungle et être blessés par un ennemi insaisissable, et des séquences newyorkaises où Jacob est victime d'hallucinations et de rêves qui lui font perdre le souvenir de sa véritable identité : est-il encore marié à sa femme blonde, Sarah, qui lui a donné son adorable fils Eli (Macauley Culkin) ? A-t-il refait sa vie avec la pulpeuse Jezebel (Elizabeth Pena) ? Est-il oui ou non poursuivi par le gouvernement ou par des démons ?
Le film a d'indéniables qualités visuelles, qui le place au niveau d'un Carpenter, en plus gore et moins western. Et puis "L'échelle de Jacob" relève davantage de l'horreur que du fantastique. La scène finale est un peu prévisible : je m'y attendais à peu près depuis les 2/3 du film. Les scènes qui me parlent le plus sont peut-être celles où Jacob fouille à la recherche de son passé, ouvre une boite qui contient des photos ou parcourt son salon vide. C'est un peu plus qu'une scène classique de réminiscence. Les flashbacks avec Macauley Culkin sont également très réussis et présentent une vie de famille idéalisée (la scène où il laisse l'enfant descendre la pente en vélo...) : je n'ai pas tant pensé à "Silent Hill" qu'au premier "Max Payne".
Deux séquences choc resteront à juste titre dans la mémoire du spectateur : la scène de la fête, où Elizabeth Pena est "possédée" (autant qu'on peut l'être) par un démon, et la scène de l'hôpital psychiatrique/boucherie, qui a inspiré les décors de Silent Hill (grillage au plafond, barres d'acier aux fenêtres, murs tâchés de sang, appareillages de lobotomie, etc...). Les séquences dans le métro du début, également, sont mémorables. Les décors new-yorkais sont de toute beauté : appartements feutrés, hopital, pont de métro suspendu avec des grilles d'aération qui crachent de la fumée blanche opaque.
"L'échelle de Jacob" est un bon film d'horreur, original et réussi esthétiquement. On pourrait le mettre presque sur le même plan que certains films de Lynch, mais son argument perd un peu d'intérêt une fois la première vision passée. Il mérite d'être vu, ne serait-ce que parce qu'il est un peu oublié.