The Devil's Advocate est la mise en images parfaite de l'expression "vendre son âme au diable". Le titre du film et l'affiche en disent déjà beaucoup sur le cœur de l'intrigue, sans pour autant révéler le retournement final.
Keanu Reeves y campe un personnage d'avocat, Kevin Lomax, bien trop brillant et à l'apparence trop immaculée pour ne pas en devenir dérangeant. Il est entouré de caractères tout aussi remarquables par leurs qualités plastiques et/ou cognitives. Mais parmi ce beau monde qui pue la réussite se répandent le vice et les désirs les plus vils, alimentant l'insatiable appât du gain. Tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins. Al Pacino/John Milton et Charlize Theron/Mary Ann Lomax proposent une très bonne interprétation de leurs rôles antagonistes de prédateur et de proie.
L'intrigue gagne en profondeur au fur et à mesure en incorporant des éléments de fantastique et d'horreur à une trame de critique sociale. Le choix des décors et des plans, inspirés des arts picturaux et de la littérature, est judicieux pour représenter le Mal qui gagne de plus en plus de terrain. Chaque prise de décision, chaque action prend une place cruciale dans le cours des événements et conduisent à des conséquences irréversibles. Le libre-arbitre a-t-il une place dans ce bas-monde, ou tout ne serait-il que fatalisme ?
On pourra reprocher au film son rythme parfois inégal, ses personnages parfois assez caricaturaux (et théâtraux) et ses effets spéciaux kitsch, qui ne nuisent cependant pas au plaisir du visionnage ni à l'intrigue.