Pourquoi s'en cacher puisque le film ne le fait pas non plus ? L'Arnacoeur est un objet parfaitement commercial, ce dans ses qualités aussi bien que dans ses défauts.
Au rang des premières : un concept efficace, un duo de vedettes bankables jusqu'au bout des talons aiguilles, une réalisation fluide, énergique... Et surtout, un scénario huilé dans chaque coin et recoin, une mécanique souple où tout s'enchaine avec une telle évidence et une telle logique qu'il génère le premier vrai souci de la machine : pas un instant, dans sa mise en place de l'histoire, son développement ou sa conclusion, l'Arnacœur ne surprend, jamais il ne s'éloigne des sentiers battus pour emmener le spectateur vers quelque chose d'inédit, vers ce différent, ce « au dessus du lot » que son héros promet pourtant aux femmes... Bien naïfs seront les spectateurs qui ne connaitront pas la fin à simplement regarder l'affiche. La résolution de la seule question qui se pose vraiment est complètement bâclée, glissée dans le générique comme oubliée en cours de route et recasée au dernier moment (on passera sur l'absurdité du fond même de cette résolution) La tentative de justification morale, cette volonté de faire passer le héros pour un humanitaire de l'amour, ne convainc pas du tout et le film aurait vraiment gagné à se poser sur l'une ou l'autre des chaises entre lesquelles flotte son cul.
S'il fonctionne tout de même le temps du visionnage, c'est d'abord par sa réussite technique : la caméra de Pascal Chaumeil s'amuse, empruntant un moment aux codes du film d'action, donnant presque, ça et là, l'impression de danser.
C'est ensuite par son efficacité humoristique : en faisait des situations son premier ressort comique, le scénario les enchaine sans temps morts et offre, grâce à son caractère outrancier ou au jeu délirant des interprètes, quelques bons fous rires gardant bien le spectateur de regarder sa montre un seul instant.
C'est dans l'aspect romantique de la comédie que le bât blesse : si se moquer d'eux ne pose pas de souci, ressentir une vraie empathie amoureuse pour ces personnages caricaturaux, déjà croisés dans mille films précédents, est une autre histoire. Comment aimer ces protagonistes alors que l'auteur semble lui-même leur avoir porté trop peu d'affection pour les décider méritoires d'une vraie personnalité ?
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