L'Apprenti
6.3
L'Apprenti

Documentaire de Samuel Collardey (2008)

D'emblée on se coltine un pauvre cochon assommé à la masse, hurlant et convulsant avant d'être pendu par les pattes arrières et vidé de son sang dans un baquet boueux. Outre le fait que ces images soient extrêmement déplaisantes, on a d'office l'impression d'une scène obligée, un classique - voir un cliché - du film réaliste campagnard, vu mille fois.
Des clichés, Samuel Collardey va d'ailleurs en aligner tout au long du film en lorgnant de manière ostentatoire du coté du Pialat de L'enfance nue et davantage encore du Ken Loach de Kes, le tout doublé d'un gout prononcé pour le misérabilisme qui pourrait le rapprocher du Bruno Dumont de La vie de Jésus...
Mais Collardey n'a ni le génie artistique de l'un, ni la puissance émotionnelle et la poésie de l'autre et encore moins le sens du cadrage et la force esthétique du troisième...

On se retrouve face à une oeuvre quasi-documentaire, d'un ennui mortel (pas éprouvé à ce point depuis très longtemps) traversée ça et là de quelques jolis moment de cinéma, notamment grâce au jeune Matthieu Bulle, très convaincant et souvent touchant dans ce personnage.
Pour le reste, on a souvent l'impression de regarder un film suédois sans sous-titres tant les dialogues sont absolument inaudibles et l'on regrette constamment aussi l'absence d'ampleur de la mise en scène et notamment son absence quasi-totale d'implantation dans le paysage pourtant sublime du Haut Doubs.

Quand au propos... il est assez simpliste:
A travers la métaphore de l'apprentissage professionnel, un adolescent en rupture paternelle et scolaire, trouvera la clef vers un monde adulte par la rencontre avec un père de substitution plus spirituel que génétique: son patron !
On nagerait presque dans le "Lacanisme": "Pater", patron, père, mère... et terre nourricière...
L'ensemble est indigeste et repose sur une seule merveilleuse trouvaille de mise en scène et de casting: la voix en pleine mue de l'adolescent constamment sur le fil entre l'homme et l'enfant. C'est bien peu...
Foxart
3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Ma vidéothèque et Les meilleurs films sur le monde agricole

Créée

le 8 août 2014

Critique lue 322 fois

1 j'aime

4 commentaires

Foxart

Écrit par

Critique lue 322 fois

1
4

D'autres avis sur L'Apprenti

L'Apprenti
Amoureux_du_monde_
1

Une bouse.

La voilà, l'œuvre que j'ai le moins appréciée de toute mon expérience de spectateur/lecteur/joueur ! Le voilà, l'ultime bousin du septième art ! Le voilà, le seul film qui mériterait un zéro pointé à...

le 26 juil. 2017

1 j'aime

1

L'Apprenti
Cramoisie
7

Critique de L'Apprenti par Cramoisie

Le documentaire est long à démarrer, et c'est la raison pour laquelle je n'arrive pas à mettre au dessus de 7. On se demande un peu où ça va nous mener, ça paraitrait presque comme sans histoire,...

le 30 déc. 2016

1 j'aime

L'Apprenti
Foxart
3

Pain de campagne

D'emblée on se coltine un pauvre cochon assommé à la masse, hurlant et convulsant avant d'être pendu par les pattes arrières et vidé de son sang dans un baquet boueux. Outre le fait que ces images...

le 8 août 2014

1 j'aime

4

Du même critique

La Chute de Londres
Foxart
2

"Fuckanistan, or whatever country you came from"

Toi qui entres dans cette salle de ciné, abandonne ici tout espoir de subtilité et même de vraisemblance... Ici tu trouveras tous les codes les plus éculés et stéréotypés du film catastrophe, du...

le 27 avr. 2016

22 j'aime

Aux yeux des vivants
Foxart
2

Dérapages incontrolés

Dieu sait que j'y croyais et que j'en attendais beaucoup, de ce troisième opus du gang Maury/Bustillo, j'avais même très modestement souscrit via le crowdfunding à sa post-production. Mais le film...

le 25 sept. 2014

14 j'aime

3

Georgia
Foxart
10

Je suis mort deux fois, déjà...

J'ai revu ce soir Georgia (Four friends), d'Arthur Penn. J'avais découvert ce film, à 15 ans, dans le cinoche d'Art & essai de mon petit bled de province, puis par la suite au vidéo-club de mon...

le 8 août 2014

14 j'aime

15