L'Ange
7.1
L'Ange

Film de Patrick Bokanowski (1984)

Poésie surréaliste et répétitions expérimentales

Expérience troublante, indescriptible, et difficilement recommandable en dehors des cercles amateurs du cinéma expérimental le plus radical qui soit. "L'Ange" n'est pas un film inregardable pour les personnes (j'en fais partie) chez qui un fil narratif quelconque et aussi ténu qu'il soit constitue une condition presque nécessaire à l'adhésion à un long-métrage : dans ce voyage puissamment surréaliste, on peut facilement quoique très vaguement distinguer un fil rouge, à mesure qu'on gravit les marches d'un escalier, avec une série de 7 ou 8 tableaux / ambiances, en progressant des sombres bas-fonds jusqu'à la lumière aveuglante des cimes.


Un film résolument baroque qui entame les hostilités en s'échinant à montrer un escrimeur vêtu d'un masque très XIXe siècle (?) combattant une poupée. À l'image du film, tout est basé sur la décomposition et la répétition des mouvements, en partant de quelque chose a priori intelligible (bien qu'abscons) pour en faire une matière étrange, à force de modifications et d'expérimentations. Sur cette séquence précise, les angles se multiplient, les séquences se superposent, dans une atmosphère noire. Et pendant une heure, ce ne serai quasiment que ça, en sautant vers d'autres thèmes, une cruche qui tombe, un homme qui se douche, des bibliothécaires, une plage, etc. (la suite est beaucoup plus abstraite et obscure, d'où l'absence de qualificatifs clairs à partir de ce moment-là). Je dois avouer être surpris de ne pas avoir ressenti un ennui profond devant un tel objet, un cinéma qui ne m'est très clairement pas destiné et qui ne me brosse pas dans le sens du poil. La suite d'épisodes qui montent vers la lumière à force de répétitions et d'illusions ne finit pas par faire profondément sens, je suis resté à bonne distance, mais il y là une sorte d'œuvre ressemblant à la matrice d'une partie du cerveau d'un Lynch, avec ses silhouettes masquées, ses jeux de lumière inquiétants, ses quêtes acharnées et incompréhensibles, ses distorsions aiguës. Troublant mais pas complètement désagréable pour un pragmatique.

Morrinson
5
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le 23 janv. 2024

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Morrinson

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