Après avoir lu Déon Meyer il paraissait difficile d'en extraire toute la richesse du propos politique, économique et social. On pouvait s'attendre à une piqûre de rappel conjuguant comme l'a si bien fait l'écrivain, la réflexion par le divertissement, par une narration sans temps mort et ce trop plein d'empathie pour son personnage charismatique et peu commode qu'était "P'tit" Mpayipheli, (renommé ici Zuko Kumalo tout comme l'intrigue elle-même divergera du matériau initial). Mais Bonko Khoza n'est pas très à l'aise pour nous brosser le guerrier qui sommeille, prêt à reprendre du service pour la cause. Du personnage imposant et inquiétant, en ressort un homme qui semble toujours hésiter, sans que nous soit possible de connaître ce passé d'ancien tueur, membre d'un groupe armé pendant l'Apartheid et de la force des liens où seules quelques scènes tentent de nous les décrire bien maladroitement. Tout le drame des pertes et du deuil se résume à des scènes abruptes sans émotion, ponctué tout le long par des flashbacks des jours heureux et révolus, qui plombent le rythme et en dilue l'action. Le portrait délétère de l'Afrique du Sud et notamment les luttes intestines et raciales n'est qu'effleuré. La corruption, par le seul portrait d'un futur président qui passera son temps à s'écouter parler et d'un gouvernement impliqué dans les massacres, ce sera le passé violeur du candidat. Son bras armé féminin balaiera tous les protocoles devenant une meurtrière avec la facilité du débutant et une ancienne camarade à qui on regrette faire confiance, aura infiltré les services du renseignement pour plus de facilité encore à la description des personnages, laissant bien peu de place à l'homme dans sa fuite et qui faisait tout le sel du livre. Tous clichés et forcément décevants ici, où les seuls combats attendus se limitent avec un seul mercenaire et s'ils apportent un peu de dynamisme, leur répétition presque à l'identique risque de ne pas contenter les amateurs de danses guerrières. Nous n'aurons pas non plus le plaisir d'être transportés au guidon de sa superbe et virevoltante BMW R 1150 GS, dans l'environnement grandiose de l'Afrique du Sud qui marquait par ce voyage tout le cheminement de l'homme, de ses rencontres salvatrices et où les chroniques radiophoniques pleines d'humour sont remplacées par un journaliste en perte de vitesse. Le qualificatif même de Chasseur fait bien pâle figure et trouvera sa métaphore dans une lance, certes de toute beauté mais que l'on oublie lorsque l'on quitte les lieux du combat final.

Mandla Dube loupe le coche en diluant les enjeux de l'écrivain, filmant son intrigue presque à l'identique des propositions US, l'affiche ciné à l'appui.

limma
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste mes déceptions...

Créée

le 31 mars 2024

Critique lue 590 fois

3 j'aime

5 commentaires

limma

Écrit par

Critique lue 590 fois

3
5

Du même critique

Apocalypto
limma
10

Critique de Apocalypto par limma

Un grand film d'aventure plutôt qu'une étude de la civilisation Maya, Apocalypto traite de l’apocalypse, la fin du monde, celui des Mayas, en l'occurrence. Mel Gibson maîtrise sa mise en scène, le...

le 14 nov. 2016

74 j'aime

21

Captain Fantastic
limma
8

Critique de Captain Fantastic par limma

On se questionne tous sur la meilleure façon de vivre en prenant conscience des travers de la société. et de ce qu'elle a de fallacieux par une normalisation des comportements. C'est sur ce thème que...

le 17 oct. 2016

60 j'aime

10

The Green Knight
limma
8

Critique de The Green Knight par limma

The Green Knight c'est déjà pour Dev Patel l'occasion de prouver son talent pour un rôle tout en nuance à nous faire ressentir ses états d'âmes et ses doutes quant à sa destinée, ne sachant pas très...

le 22 août 2021

59 j'aime

2