L'Amant double par Sophia

Un début prometteur, une bonne montée d'angoisse, une duplicité inquiétante, une folie grandissante qui n'est pas sans rappeler la trilogie des appartements maudis de Polansky et soudainement sans raison apparente le soufflé s'effondre. Le problème des twist c'est qu'ils demandent beaucoup de subtilité pour ne pas s'avérer décevant ou pire un mensonge éhonté jeté au visage du spectateur comme un retournement de situation non justifié. C'est un peu le soucis du film. La justification est facile, et puisqu'elle est psychologique, pas besoin de l'expliquer plus que cela. Là où Night Shaymalan prenait le temps avec sa caméra de faire prendre conscience au spectateur de l'importance de la révélation pour ses personnages Ozon fait dans la facilité et escampe tout ce qui aurait pu donner de la profondeur à ce twist. Résultat, le spectateur est au mieux paumé au pire déçu.
L'autre gros point noir du film est une mise en scène faible et kitch qui pour palier à l'unique décor du début décide de jouer les superpositions pas toujours bienvenues. Il aurait fallu laisser libre court à la folie dans la mise en scène, laisser les couleurs éclater ou au contraire disparaître, jouer avec l'image au lieu de rester aussi carré, aussi posé et n'utiliser que des effets assez peu subtile ni très esthétiques. Si Marina semble envoûter le réalisateur, et sans doute quelques spectateurs, le charisme de la belle ni de l'acteur pas des plus mauvais non plus ne suffisent pas à remplacer l'absence de caractère de cette mise en scène timide et maladroite.
Malgré tout, il reste des idées, des élancées, des suggestions, et une profondeur inassouvie, il reste surtout cette idée démoniaque et délicieuse de jumeaux cannibales. On aurait aimé voir des réalisateurs comme Lucio Fulci ou David Lynch s'attaquer à un tel sujet.