Dans l’Ankara neutre des années 40, Joseph Mankiewicz nous emmène valser entre espions et contre-espions, diplomates et comtesses, anglais et allemands.
L’Affaire Cicéron, tiré d’une histoire vraie, est un délicieux mélange d’ironie comique et de suspens intense. À priori, on serait bien tenté de dire que l’on ne peut faire un film qui se tienne sur de telles bases tant elles semblent contradictoires. Ça serait insulter notre réalisateur.
Je pense sincèrement qu’il existe deux catégories de cinéastes : les cinéastes, et Mankiewicz. Il y a ceux qui ne voudraient pas avoir le cul entre deux chaises; puis il y a Mankiewicz, qui s’en fait un sofa à coup de bricolage. Il y a encore ceux qui excellent dans l’écriture mais dont la polyvalence finit par les enfermer dans leur propre cinéma (coucou Woody Allen); puis il y a Mankiewicz.
Les scènes d’amour sont intenses. Les dialogues sont cyniques. On est dans l’âge d’or du film Noir et on le sent bien. À mesure qu’avance le film, l’étau se resserre. L’ironie se fait plus percutante, acerbe. On craindrait presque pour notre peau.
Des acteurs parfaits, un rythme tenu d’une main d’orfèvre et une réalisation au service du scénario, surréaliste pourtant vrai..
Si vous aimez les films d’espionnage, L’affaire Cicéron est pour vous. Et quand bien même, si vous êtes tout simplement cinéphile, il vous est urgent de découvrir Joseph Mankiewicz.