L’Adieu, c’est un essai sur le métissage. Métissage culturel, métissage cinéphile. Culturel, car à l’instar du parcours personnel de sa réalisatrice et scénariste, L’Adieu évoque le fossé des traditions et des valeurs de l’Orient et de l’Occident. Comme Lulu Wang, l’héroïne est née en Chine mais a grandi aux Etats-Unis. Comme elle, elle a joué un drôle de jeu familial : cacher à sa grand-mère sa propre maladie pour lui éviter souffrance et peine. Quelque chose de très établi et ancré en Chine (ce qui sera expliqué dans une savoureuse séquence dans un hôpital), beaucoup moins aux Etats-Unis (« Ce serait illégal », confie un protagoniste).
Par ce choc des cultures, par l’omniprésence du mensonge tout au long du film et des choix des personnages, sans jamais parti pris ni jugement, Lulu Wang alterne perpétuellement dans un entre-deux doux-amer et sensible entre la comédie et le drame. Sans jamais basculer dans l’un, ni dans l’autre. On retrouve des thèmes centraux du cinéma chinois - notamment le cercle familial - avec un ton, la mise en scène, le montage, d’un film indépendant américain. Métissage cinéphile, disions-nous.
Riche en thématiques - le deuil, la famille, le déracinement, l’héritage culturel et familial - L’Adieu est un film léger avec du fond, sensible et drôle, émouvant et bienveillant. Sans aucun doute la première surprise de l’année dans les salles obscures.