Kolya
7.1
Kolya

Film de Jan Sverak (1996)

Auréolé de l'Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1997, Kolya est sans doute l'un des films tchèques les plus connus, ou les moins inconnus, c'est selon. Et pour cause, tous les ingrédients nécessaires pour une reconnaissance à l'international étaient réunis : une comédie avec un soupçon de drame, une problématique de relation père-fils et un contexte qui démontre que les Russes, ils n'étaient quand même pas très gentils avec leurs états-satellites. Taillé pour avoir des récompenses, Kolya est aussi un très chouette film.

Du coup, ça raconte l'histoire d'un branleur célibataire qui se fiche un peu de tout, ni trop loser, ni trop cynique et plutôt doué pour séduire des demoiselles deux fois moins âgées. Le seul problème de Franta, c'est qu'il a constamment quelques soucis pécuniaires. Et après quelques péripéties plutôt rigolotes, le voilà rasséréné financièrement, mais en charge d'un mioche de 5 ans, qui ne parle que le Russe. La langue de l'envahisseur d'alors, pour rappel.

Et là, le script devient extrêmement prévisible, le héros, pas habitué aux responsabilités, va de prime abord chercher un moyen de se débarrasser du jeune Kolja, tandis que celui-ci passera son temps à gémir en rejetant totalement son père de substitution. Et tout au long du film, leur relation va évoluer, d'une manière très prévisible. Et là est le principal reproche qu'on peut adresser au film, il est donc très peu surprenant dans son déroulement global.

Mais pourtant, les 110 minutes s'écoulent toutes seules, parce que le héros est vraiment sympathique, que les scènes rigolotes s'enchainent (en tombant parfois un peu dans la lourdeur, mais jamais l'humour gras), que celles d'émotion ne sont pas aussi pénibles que prévues et aussi, et surtout, parce que c'est super bien filmé. Quand le réal' ne propose pas des plans magnifiques de Prague ou de son pays, il change de perspectives pour montrer le monde vu par l'enfant et l'effet est vraiment réussi. Par exemple, une scène dans le métro, toute en contre-plongée avec une caméra qui tremblote (mais pas trop) pour bien restituer cette sensation tout à fait désagréable d'oppression, d'autant plus quand on est un enfant au milieu d'adultes. Et le film est rempli de petites idées sympas comme ça, de gros plans magnifiques et de belles couleurs.

Et surtout, comme ce brave Franta est aussi musicien, l'ensemble est parsemé de morceaux symphoniques, et la musique est très bien intégrée à la narration et à la mise en scène. Et puis, à titre tout à fait personnel, un film avec des morceaux de Dvorak, ça me fait toujours un peu chavirer. Allez juste pour le plaisir des oreilles : https://www.youtube.com/watch?v=PgGMix4vVYw

Enfin, le cadre politique de l'époque est plutôt bien exploité, et la relation entre Franta, le Tchèque et Kolja, le jeune Russe, donnera lieu à de savoureux imbroglios culturels, et aussi quelques petites critiques faciles sur le régime de l'époque. Mais ce n'est jamais trop appuyé, et c'est principalement exploité pour tourner le tout en dérision, ce qui est au final plutôt intelligent.

Bref, Kolja est film tchèque très sympathique, plutôt joli, drôle et même émouvant pour qui aura un peu plus de coeur que mon humble personne, et totalement accessible à un public non-amateur de cinéma est-européen. Sans doute un peu trop lisse et gentil, mais tellement chouette qu'on lui pardonnera aisément.

PS : désolé pour le titre, j'étais peu inspiré. ='(
Floax
7
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le 8 oct. 2014

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