Voilà un film qui fait tâche. Comme le disait Robert Englund dans l'inénarrable 2001 maniacs : "un jour j'ai fait confiance à un pet, je me suis retrouvé couvert de merde.". Navré pour la violence de cette intro dans le scatologique, mais nous nous devons de mettre les pieds dans le plat.


Ce film est non seulement puéril, mais également honteux pour le genre qu'il est sensé illustrer. Les V-Vidéos sont nés d'une génération de japonais qui voulaient renouveler leur cinéma d'horreur en s'accordant tous les excès que leur dictait leur esprit japonais (un peu tordu), tout en y faisant référence à une certaine culture japonaise, entre le what the fuck et le mauvais goût. Avec des ambitions tout à fait diverses dans leurs débuts, du bis sérieux (Tokyo Gore Police) au pulp débridé (Machine Girl). Le premier Meatball Machine était un bis sérieux, un croisement improbable entre Tetsuo et un manga gore survolté, où des extra-terrestres se livraient bataille dans des corps humains transformés en armes meurtrières. Le pitch généreux et sympathique, qui avait également pris le parti de faire de ses deux protagonistes des âmes brisées, que l'injustice poursuivait ici par le v(i)ol de leur corps. Ici, la comédie a remplacé la romance sombre.


La première demie heure suit les pérégrinations d'un huissier banal dans le quartier d'une grande ville. Il se fait marcher dessus pendant 15 minutes parce qu'on ne veut pas le payer, puis il opprime des gens en se prenant pour le boss, puis il recommence à se faire humilier. On n'en a déjà rien à faire de lui, ni de sa nouvelle copine dont on cadre la poitrine et le fessier à toutes les apparitions. Puis arrivent enfin les extra-terrestres, avec un design revisité plutôt amusant (des bras à la place des yeux). Et c'est tout. Les combats sont d'une mocheté affolante (abominablement mal cadrés et sans aucun impact), les maquillages sont classiques, les situations absolument ennuyeuses. On s'endort clairement devant Kodoku, ce qui est tout de même grave. C'est surtout grave de ne pas avoir à un seul moment chercher à être efficace. Car le film ne fait que miser sur l'humour absurde et lourdingue (un type se fait couper la bite, haha, un couple en pleine fornication se fait couper en deux et continue, haha, une japonaise utilise son soutien gorge pour chevaucher un necroborg, haha...). Dans le premier film, on suivait plusieurs combats, où chaque armure avait des armes différentes et surtout évolutives, et le gore était varié tout en cherchant l'efficacité durant les combats (le canon à os, la scie, la perforatrice, la lame...). Ici, à part faire gicler du rouge par dizaines de litres, il n'y a rien ! On ne cadre même pas les autres necroborgs, parce qu'on n'en a rien à faire et que le sujet, c'est se marrer un bon coup parce que c'est n'importe quoi. On s'est lassé des V-Vidéos pour cette raison, et cette tentative de résurrection ne rassure pas, au contraire. Ce courant cinématographique n'a plus rien à offrir, et se recycle de plus en plus lourdement (même l'humour "politiquement incorrect" à base de japonais maquillés en noirs #blackface ne sont pas amusants, c'est dire l'état déplorable de ce courant créatif).

Voracinéphile
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le 15 août 2018

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