Kiss of the damned d’Alexandra « Xan » Cassavetes (oui la fille de’ et aussi de’) traite du mythe du vampire. Je vous vois venir avec vos « Arrrgh on n’en peut plus des vampires… A cause de Twilight… BLABLABLA » et vous avez… tort. Le vampire, s’il est bien exploité, est un thème superbe à mettre en scène tant rien n'allie mieux fantastique, violence et érotisme que lui, donc je veux bien faire comme si pas mal de merdes n’existaient pas et me recentrer sur, sans parler de chef d’œuvre, des films qui essaient sans le dénaturer profondément d’apporter leur pierre à l’édifice dentu.

Point fort de ce long-métrage : la forme, tant visuelle qu’auditive. On sent que mademoiselle Cassavetes a voulu retranscrire pour nous yeux et nos oreilles (deux et deux à chaque fois pour les plus conventionnels) une façon différente d’appréhender le monde, celle d’un vampire. Plus exactement de deux sœurs vampires, la très belle Joséphine de la Baume et la très animale Roxane Mesquida. Autant dire qu’au milieu de ces jeunes-femmes à dents longues, Milo Ventimiglia ne brille pas d’un charisme fou et avec le look qu’il affiche ici, on croirait à un frère perdu de Gérald de Palmas qui se contente d’avoir une seule vie, maintenant qu’elle est prolongée indéfiniment.
Mais je m’égare.
Visuellement je le disais donc, c’est très réussi. Belle esthétique, plans calmes et soignés laissent place, lorsque l’appétit se fait trop fort, à une image sombre, saccadée et pleine de tumultes, accompagnant de ce fait la violence carnassière de nos vampires. La vraie réussite est dans la bande-son. Ne se contentant pas de placer de jolies musiques par-ci par-là, chaque son est exacerbé, on entend des frottements, des bruissements, des bruits plus métalliques… Un peu comme si d’un coup notre ouïe nous permettait d’entendre pour la première fois. De ce point de vu là, le film est une expérience réussie et originale.

J’ai aussi aimé le fait de ne pas nier le côté érotique du vampire. Sensuel pour Juna (J. de la Baume) et sexuel pour Mimi (R. Mesquida) sans oublier que ces goules restent avant tout des monstres. Leurs crimes ne sont absolument pas magnifiés, au contraire dans le joli écrin de la mise en scène, les repas de Roxane Mesquida éclatent dans toute leur horreur sanguinolente, bout de carotide pendouillant au coin de la bouche de la demoiselle à l’appui.

Là où cette dernière semble accepter et même revendiquer sa nature, n’éprouvant ni pitié ni remords, sa sœur Juna elle, essaie avec peu de succès de renoncer à s’attaquer aux humains, se rabattant sur les pauvres animaux peuplant les bois voisins de sa demeure et j’ai l’impression que l'histoire d’amour, point de départ du film, n’a pour elle qu’un seul but : se donner l’illusion d’une vie normale, banale... Humaine.

Le film démarre fort, le premier tiers est vraiment prenant, tant sur le fond que sur la forme, hélas un gros coup de mou s’installe en milieu de film et ne semble vouloir se faire la malle que dans le dernier quart d’heure. Et c’est dommage car il est dur de rester captivé tant le récit devenant plus commun et prévisible au fur et à mesure que l'histoire , avec par exemple l’insertion d’autres vampires là où le trio de départ fonctionnait parfaitement, pèche par manque d’un fil conducteur vraiment suivi de bout en bout. J’ai trouvé personnellement qu’à mi parcours, le scénario s’éparpille trop.

J’avais peur de me retrouver face à une belle (voir très belle par instant) coquille vide et ce ne fut pas le cas. Avec un scénario un peu plus travaillé et approfondi, on aurait pu avoir sous les yeux un film excellent, mais sur la forme, Alexandra Cassavetes montre un réel talent et donne vraiment envie de découvrir ses réalisations ultérieures.

A voir pour les afficionado de vampires et / ou de jolies filles.


PS : J'hésitais entre 6 et 7... Puis je me suis dit "L'affiche est jolie" et comme j'aime noter sur des critères totalement aléatoire... Donc ça vaut 6,5 ou 3 ou 8 mais ce sera 7. Je sais, ce n'est pas intéressant, merci.
Pravda
7
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le 24 déc. 2013

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Pravda

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