Cette suite reproduit peu ou prou la même recette qui fit le succès du premier film : violence décomplexée, humour décalé, univers cartoonesque, casting quatre étoiles… Sauf que pour ce second service, le chef Vaughn et sa brigade ont eu la main lourde au moment de composé leur plat. On sait en effet depuis Paracelse, et quoiqu’on soit revenu dessus par ailleurs, que tout est poison, que rien n’est sans poison, mais que la dose seule fait que quelque chose n’est pas un poison. Ici, donc, bien que le mélange des ingrédients n’ait point changé, leur quantité respective et leur rapport ont sensiblement augmenté, si bien qu’on frôle la crise de foie à plusieurs reprises. La multiplication des scènes de bravoures est à ce titre très significative de la surenchère à laquelle se livre cette suite ; alors que nous n’en comptions qu’une dans le premier film (dans l’église), on en recense ici pas moins de quatre (la scène d’introduction dans les rues de Londres, la séquence inutile dans la station de ski italienne, l’assaut de Poppyland et le combat final, ces deux dernières pouvant à la limite n’en former qu’une). Plus largement, ce mal témoigne des dernières considérations de Hollywood en matière de « grand » divertissement : faisant appel à des réalisateurs plus ou moins renommés (Villeneuve, Dolan, Wright, Vaughn, Vallée), ou il se revendique d’une certaine forme de cinéma qualitatif (Blade Runner 2049 en est un parfait exemple, quoiqu’on ne légifère pas ici de cette prétendue « qualité ») ou il donne dans le quantitatif (comme c’est le cas pour Kingsman 2). Pour le dire autrement, Hollywood oscille aujourd’hui entre l’orgueil d’une part et la gourmandise d’autre part, mais se vautre systématiquement et immodérément dans la luxure avec une complaisance jamais démentie, à l’heure actuelle, par le succès public. Cet amalgame entre quantité et qualité est d’ailleurs au cœur du film : tant les consommateurs de drogue occasionnels que les plus accros souffrent d’une même malédiction.
Tout n’est pas pour autant à jeter dans cette suite. Vaughn offre à Colin Firth un rôle à la hauteur de son talent flegmatique et à Julianne Moore l’occasion de montrer au grand public cette folie douce (pas si douce que ça en l’occurrence) que seul le cinéma indépendant avait su exploiter jusqu’ici. Le film fourmille également de belles idées visuelles (le lasso électrique, le gel-alpha, la clinique des symptômes), et conceptuelles (le jumelage des services secrets anglais et américains, l’exil khmer « jamesbondien »), et quelques propositions de mise en scène (la séquence déjà culte du « doitage »). Malheureusement, dans cette débauche d’idées et d’intrigues, il y a la trahison de whiskey (le personnage de Pedro Pascal), parfaitement inutile, et l’enlèvement d’Elton John. Le tuer aurait sans doute était, sinon plus drôle, du moins salutaire.
The Golden Circle gagne en grotesque et en ridicule ce qu’il perd en finesse ; le premier film nous promettait le bigmac de la pub, cette suite nous sert le burger qu’il est véritablement : un amoncellement de nourritures indigestes suintant de gras et dégoulinant de sauce.