Je poursuis ma rétrospective de la franchise King Kong avec sa quatrième étape : La Revanche de King Kong. Qui marque la deuxième et dernière incursion au cinéma du gorille géant sous bannière japonaise. Petite page culture :


Nous sommes en 1962 et King Kong contre Godzilla cartonne dans les salles nipponnes. Les cols blancs de la Toho s’empressent donc naturellement d’en commander une suite, qui prend rapidement les allures d’un match retour entre les deux géants (qui étaient pour l’anecdote voués à finir dans un volcan). Mais le projet sera finalement annulé et les deux monstres cultes amenés à poursuivre leur carrière respective chacun de leur côté. Soit ! Godzilla ira donc botter le cul d’un certain lépidoptère dans Mothra contre Godzilla (sorti dans les salles japonaises au printemps 1964) tandis que King Kong sera lui relégué au petit écran avec la série animée The King Kong Show, qui débutera en 1966. Il semble alors loin le temps de son triomphe au sommet de l’Empire State Building…


Coproduction nippo-américaine, la série animée susnommée voit au cours de ses trois saisons (1966-1969) le fameux gorille se poser en sympathique défenseur de l’humanité et, à ce titre, démolir la truffe de moult monstres, extraterrestres ou robots mettant en péril l’art de vivre à l’américaine (rires). Vous avez dit trahison ? Eh bien vous avez raison. Sauf que le bousin (dont votre fidèle serviteur s’est dans un geste désespéré farci la moitié des épisodes) fonctionne plutôt bien, et qu’il donne même des idées aux génies d’en haut, qui vont finalement, plutôt qu’une revanche Kong/Godzilla, lui privilégier une adaptation live de ce King Kong Show. La déchéance est réelle. Et le navet en approche.


Sorti en juillet 1967 au Japon, La Revanche de King Kong (toujours réalisé par Ishirō Honda) reprend ainsi de la série télé (alors toujours en cours) son idée d’un King Kong du bon côté de la barrière et ses deux méchants les plus iconiques, le récurrent et diabolique Dr Who/Huu et son chef-d’œuvre Mechani-Kong, un double robotique du gorille géant. Adaptation au demeurant très libre, le film voit grosso modo le scientifique fou (ici réimaginé : le petit nabot occidental chauve et binocleux est devenu un grand japonais au brushing swag) mandaté par la mystérieuse Madame Piranha pour creuser le sous-sol arctique à la recherche d’un certain Elément X, qui serait bien pratique pour fabriquer des armes nucléaires. Le Dr Who met sur le coup son robot-Kong sauf que celui-ci galère et qu’il s’avère rapidement indispensable d’aller chercher le vrai Kong, le seul à même de boucler le projet… Evidemment, l’affaire va partir en cacahouète et ne sera bientôt plus réglable qu’à grands coups de poings dans la gueule entre les deux gorilles. Devinez qui gagne à la fin ?


Alors comme dans King Kong contre Godzilla cinq ans plus tôt, King Kong et les autres géants (ici son homologue robot et un tyrannosaure) sont interprétés par des acteurs costumés (Haruo Nakajima pour Kong et Hiroshi Sekita pour les deux autres) et, comme dans son prédécesseur, le résultat est plutôt rigolo à regarder, à défaut d’être impressionnant ou tout simplement convainquant. N’empêche que ce sont une fois de plus les séquences qui mettent en scène les monstres (un peu plus nombreuses il me semble que dans King Kong contre Godzilla, ce qui est toujours bon à prendre) qui présentent le peu d’intérêt du film. Il faut voir le tyrannosaure envoyer des doubles-coups de pieds sautés dans la gueule de Kong ou encore Mechani-Kong l’hypnotiser à l’aide d’une diode colorée sur sa tête…


Pour le reste, c’est – hélas – peu ou prou la même merde que King Kong contre Godzilla… avec au demeurant un fond de SF/espionnage/aventure plus marqué. Ce qui, sur le papier, n’est pas pour me déplaire mais, en l’espèce, ne sauve rien.


Notons toutefois un avantage conséquent – et, croyez-le bien, apprécié à sa juste valeur par l’auteur de ces lignes – de ce film sur son prédécesseur : ses personnages féminins. Car là où dans King Kong contre Godzilla, les deux jolies pépées (interprétées par les deux Bond girls de On ne vit que deux fois, j’ai nommé Akiko Wakabayashi et Mie Hama) étaient honteusement reléguées au second plan au profit de leurs petits copains (fatalement moins charmants…), les deux jolies filles de ce film ont elles des rôles bien plus consistants. Or je suis progressiste moi monsieur ! Je milite pour plus de présence à l’écran des jolies filles ! (On verra plus tard pour les moches, chaque chose en son temps – le progrès est un combat de longue haleine.) Et avec d’un côté Linda Jo Miller en blonde qui fera chavirer le cœur de Kong et de l’autre Mie Hama (de retour dans un nouveau rôle) en méchante Madame Piranha, le spectacle en sort assurément grandi. Et y’a pas à dire : c’est quand même vachement plus sympa un film de merde quand il y a des jolies filles à reluquer pour tuer le temps…


Bon, le film reste interminable tout de même (soyons honnête), mais je n’ose même pas imaginer ce que ce serait si les deux nanas en étaient absentes… Quand on vous dit que ce n’est vraiment pas facile, la vie de cinéphile…


Bref, vous l’aurez compris : le film ne vaut guère mieux que son – pas fameux – prédécesseur nippon. Fort heureusement, si la Toho se serait bien vu poursuivre son exploitation du gorille géant avec (au moins) un troisième film, sa licence devait bientôt expirer et faire capoter le projet. King Kong ne reviendra finalement au cinéma que neuf ans plus tard et, cette fois-ci, sous drapeau américain. Pour un remake du film original aux couleurs des seventies.

ServalReturns
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le 5 déc. 2021

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