1976, Mount Temple, Dublin. Avec l'apogée (et la fin) des Beatles, de plus en plus de groupes voient le jour, essayant tant bien que mal de marcher sur leurs pas. C'est le cas d'une bande de potes d'un lycée Dublinois. Un certain Larry Mullen poste une annonce après avoir été viré de la fanfare de l'école. S'y inscrivent, entre autres : Paul Hewson, Dave & Nick Evans et Adam Clayton. De ce groupe nait Feedback. Petit à petit, Feedback commence à grandir, se séparant de Nick Evans. Ils deviennent The Hype. Paul Hewson se fait désormais appeler Bono et Dave Evans, The Edge.
C'est le commencement de U2.
Mais le groupe de rock le plus talentueux du monde ne s'est pas formé sans mal, quoiqu'en disent les haters de Bono. Ce que peu de gens savent, c'est que parallèlement à l'apogée du plus grand groupe de rock du monde, une autre bande essayait tant bien que mal de marcher dans les pas de leur jumeau. Neil et Ivan McCormick se sont en effet lancés en même temps dans la musique que U2 (Ivan a même fait parti du groupe pendant 2 semaines en guitare rythmique). Dès le début, on connait la fin, Shook Up, malgré tout le talent qu'ils avaient, n'a pas réussi à percer. Neil McCormick est maintenant devenu un grand journaliste et a également écrit U2 by U2. Ivan lui, continue de vivre de la musique.

Vous l'avez compris, même si en France la promo se place plus dans ce sens, Killing Bono ne racontera pas l'ascension d'un groupe, et n'est pas un biopic sur U2. C'est les péripéties, les galères d'un groupe de talent qui essaye de percer dans la musique, alors que leur voisin est en pleine apogée. Adapté du livre de Neil McCormick « I was Bono's Doppelganger » (littérallement, « J'étais l'ombre de Bono ») le film s'avère en réalité romancé pour avoir plus de cohérence au niveau du scénario. Ici, Bono propose à Ivan d'intégrer le groupe, mais Neil veut garder son frère avec lui. Ils entament à deux une longue période de recherche de labels, pour signer un contrat. Rien ne marche et les frères commencent à être fauchés. Ils décident donc de passer un deal avec un parrain de la pègre irlandaise et de partir à Londres. Mais Neil n'aide rien et foire tout, ne prend jamais les bonnes décisions, va même jusqu'à refuser d'être la première partie de U2. Mais surtout, cela montre une vraie vision sur le monde de l'industrie musicale qui, en 20 ans, n'a pas tellement changé.
Pour tous les fans qui nous lisent, oui, le fanservice de Killing Bono est plus qu'assuré. On assistera en effet aux fameuses répétitions du groupe dans la cuisine de Larry et on aura même l'occasion d'entendre une version « propre » (puisque rechantée) de Street Mission lors d'un concert à Mount Temple. Film oblige, quelques petites incohérences viendront se glisser puisque point de Nick Evans, et surtout, Feedback s'appelle dès le début The Hype. Mais surtout, les acteurs choisis pour jouer la bande à Bono sont effarant de ressemblance, avec une grosse mention pour le leader du groupe. On a réellement l'impression de faire un bon de 20 ans en arrière car Martin McCann (que vous avez pu apercevoir dans The Pacific) a su s'approprier aussi bien la gestuelle que le look ou la façon de parler de Bono.

Mais encore une fois il n'occupera pas le centre du film. Ben Barnes (le prince Caspian de Narnia) et Robert Sheehan (Nathan dans la série Misfits) incarnent respectivement Neil et Ivan avec il faut le dire, assez de talent. Loin de son rôle d'insupportable super-héros dans l'excellente série de E4, la véritable révélation est bel et bien Robert Sheehan tant il est incroyable de justesse. Les deux semblent très impliqués dans leurs rôles et portent le film à bout de bras. Mais ce ne sont pas les seuls personnages puisque la musique occupe un rôle central. Œuvre semi-musical, le long métrage se voit entrecoupé de chansons aussi bien de U2 que de Shook Up (qui sont ceci étant dit pour la plupart très bonne). Mais surtout, le travail effectué par Joe Echo et Stephen Warbeck sur la bande original est remarquable. En effet, les sonorités mélangent ingénieusement le rock et la musique irlandaise, non pas comme The Corrs mais va justement lorgner du côté de U2, laissant alors l'ombre du chanteur à lunettes planée pendant près de 2h00. Ceci se voit renforcé par l'idée géniale du réalisateur d'ouvrir et de fermer le film sur les cheminées de la station d'énergie de Poolberg, image bien connu des fans de U2 puisqu'elles apparaissent dans le clip de Pride (in the name of love), un peu comme si le film commençait et finissait sur le Joshua Tree, avec un symbole en plus : la fierté.

Malheureusement tout n'est pas parfait. Il est fort probable qu'une grande part de mon appréciation du film résulte pour mon amour pour U2 ainsi que de la culture irlandaise en générale. Il est même étonnant de voir le film sortir en salles ici puisque Neil McCormick n'est pas extrêmement (voir pas du tout) connu du grand public. Ceci étant dit, que cela nous vous empêche pas d'aller voir le film. Il s'avère que le côté comédie est très bien dosé et nous offrira régulièrement de bonnes barres de rire. Cependant, adaptation romancée oblige, la trame linéaire qui tenait d'autobiographie dans le bouquin s'essouffle ici un peu et il en résulte un gros problème de rythme. Sans pour autant s'ennuyer ferme, une bonne partie du long métrage patauge sans aller bien loin et n'est pas très finement écrit. Le reste est quand même assez bon (sans pour autant être grandiose). Une belle comédie et une belle histoire, voilà ce qu'est Killing Bono. Les aficionados de U2 adoreront probablement, malgré cette grosse demi heure mollassonne. Les autres s'ennuieront peut être à plusieurs reprises mais le tout se révèle suffisamment drôle et dresse un portrait intéressant de l'industrie musicale. Le tout se voit agrémenter d'une excellente musique et nous montre les belles rues dublinoises.


J'en ai profité pour interviewer le vrai Neil McCormick, vous pouvez retrouver l'itw ici : http://www.cloneweb.net/interview/rencontre-avec-neil-mccormick/
AlexLoos
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le 29 juil. 2011

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AlexLoos

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