Ken le Survivant
2.8
Ken le Survivant

Film de Tony Randel (1995)

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Note au premier degré, recommandé pour sa nanardise qui lui vaudrait un 7 sur cette échelle x)

1995. Le téléphone sonne au poste de police de Tokyo. Un agent empoigne fiévreusement le combiné, ignorant à quels sévices il allait devoir faire face par combiné interposé.

- Police de Tokyo, vous avez besoin de nos services ?
- Oui, avec un ami, nous sortons du cinéma, et nous avons assisté à un viol.
- D'accord, vous pouvez me dire quelque chose au sujet de la victime ou du coupable ? On vous envoie des hommes.
- Le coupable, on a un nom : Tony Randel ! La victime, c'est notre manga, Hokuto no Ken. Nous sommes ses auteurs, Buronson et Tetsuo Hara. Allô ? Il a raccroché...

Dommage, d'ailleurs, parce que la plainte était recevable, là. Allez, quelques rappels. En 1983, le Japon découvre un nouveau manga signé Buronson et Tetsuo Hara. Un manga qui deviendra culte avec les années, surtout, en France, suite à la censure et à sa sublime VF... Hokuto no Ken (Ken le Survivant en France) débute sa légende. L'année précédente débutait le manga symbole du seinen : le fabuleux Akira, tout aussi culte.
En 1989, Katsuhiro Otomô amène Akira sur grand écran via un film d'animation qui a enthousiasmé toute la planète. Et cela pour plusieurs raisons, mais on verra plus en détail une autre fois ;) Il n'en a pas fallu plus pour que des producteurs américains s'intéressent aux mangas et, en 1995, arrive donc au cinéma la légende de Kenshirô, le Chevalier de Véga !

Oui, le Chevalier de Véga... On aurait pu s'attendre à l'héritier du Hokuto Shinken, mais non, pas ici. En fait, ce film est un sacré paradoxe. Côté adaptation, il se contente du premier gros arc du manga, quand Kenshirô retrouve la trace de Shin et Julia à la Croix du Sud, ville sous le contrôle de Shin. Et, dans les grandes lignes, le film respecte ça, c'est exactement ce qu'on voit. Et pourtant, malgré une idée de base simple qui aurait juste demandé à respecter les détails du manga, les scénaristes ont réussi à totalement le défigurer.
Je ne sais pas comment ils ont fait, mais je dis respect, là. Réussir à tout massacrer sur une base aussi simple, ça tient du génie. Sérieusement.

Allez, en vrac, Shin assassine le père de Ken au revolver, Batt et Lynn sont frère et sœur, le Hokuto Shinken et le Nantô Suichoken passent à la trappe au profit du Chevalier de Vega et de la faction de la Croix du Sud, les attaques mortelles de Kenshirô sont des piqûres de mouche, Shin ne supporte pas la vue du sang, etc, etc...
Des arrangements scénaristiques dont on se serait bien passé, mais ça aurait pu être secondaire si le film était réussi. Mais non, même pas ! L'idée est simple, le déroulement aussi, et on assiste à un festival nanar d'assez haute volée.

Le paradoxe jusqu'au bout. On respecte sans respecter, et on fait un mauvais film qui devient bon à force de ridicule.
Le budget ne devait pas dépasser celui d'un film de Steven Seagal en Europe de l'Est, et je suis gentil. Tout est sombre, les costumes sont nazes, les mêmes dix pauvres figurants reviennent en boucle, ça fait du « mouhahaha » à tout va, ça cabotine comme jamais... Quant à Chris Penn et ses lanières, alors là, je sais pas d'où ça sort, mais ça vous arrache un sacré fou rire dès qu'il arrive.

Je ne parle pas des effets spéciaux, qui sont tout à fait comparables à nos bons vieux feux d'artifice du 14 juillet. Oui, c'est épique et violent, le manga, à la base. Et la seule fois où ça tente de s'en approcher, c'est pour voir une tête qui gonfle comme un ballon. Croyez-moi, c'est drôle à regarder.

Et puis, il y a Costas Mandylor et Gary Daniels, qui devaient faire un concours à qui jouerait le plus mal ou qui ressemblerait le plus à un bovin sous stéroïdes (quant à la demoiselle qui joue Julia, elle suit le jeu), tellement ils atteignent un stade incroyable de non jeu et d'inexpressivité. Un mérou fixé pendant 5 minutes ferait passer plus d'émotions.
Et la boule de lumière, « pouvoir ultime » de Shin, qui est utilisée deux fois dans le film (la première contre le frère de Shin, qui sort de nulle part, se fait démolir, et crève, comme ça, on sait pas pourquoi, ni pourquoi il a été créé, mais ce « combat » a le mérite de faire rigoler ou de consterner, c'est au choix).

Mais je crois que le summum est atteint quand Kenshirô a un flash de son pauvre papounet décédé et que celui-ci s'incarne dans une vieille momie défraîchie, rigide, et absolument ridicule tant elle est hideuse. La voir poitner son doigt cadavérique sur Ken, c'est absolument énorme, surtout avec le doublage derrière.

Et n'oublions pas le trio de résistants. Ils ne servent à rien, ils ne font rien, ils passent leur temps à causer, et celui qui veut se rendre se fait descendre dès sa capture. Quant aux deux autres, rideau jusqu'à une apparition rapide dans la scène finale.
Ah oui, et les gosses sont insupportables.

Ce film n'est pas un film.
C'est un véritable essai de post modernisme et de ridicule, l'image parfaite du paradoxe, et un nanar de haute volée. Mais à déconseiller aux puristes de Hokuto no Ken :D
Lonewolf
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Adaptations de série et Et si je faisais mon film sous l'effet d'hallucinogènes ?

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le 8 févr. 2012

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Lonewolf

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