Bis repetita

Rien ne va dans les Karaté Kid mais je les adore, et plus particulièrement cette suite que je suis tenté de préférer au premier. Le personnage principal, Daniel LaRusso, est aussi insupportable qu'incroyablement toxique pour son entourage. Il est lâche, roule des mécaniques sans aucune légitimité, il est égoïste, macho et il manque totalement d'ambition saine. Disons que c'est sa naïveté qui me le rend acceptable car même l'acteur était imbuvable dans la vie et on le ressent sensiblement dans son interprétation.

Toute ma sympathie se tourne plutôt vers le maître Miyagi, joué avec beaucoup de talent par Pat Morita, bien que son personnage souffre du rascisme latent du scénario comme de la vf. Cependant, son personnage est sans nul doute le mieux écrit des quatre premiers volets de la saga. Et son rôle est parfaitement bien étoffé dans ce deuxième opus. L'intrigue tourne autour de lui et c'est tant mieux : il n'y avait déja pas grand chose à dire sur le héros lors du premier opus. Et d'ailleurs, c'est pour cette raison que le troisième volet sera moins réussi et pourquoi la série Cobra Kaï ne se concentre pas sur Daniel-San : il est dépourvu de tout intérêt. D'ailleurs, c'est pour cela que je n'aime pas Cobra Kaï, le personnage est toujours un sale con.

Réalisé par le même John G.Avildsen, je ne retrouve toujours pas la maestria de sa mise en scène du premier Rocky. Ses idées visuelles, l'ambiance authentique qu'il s'avait insufflé dans ledit film sont absentes de tous les Karaté Kid qu'il a réalisé. Il en sera de même pour Rocky 5 qu'il réalisera quasiment dans la foulée du troisième opus de karate kid. Cependant, le film benéficie d'une jolie facture. La photographie est belle, le découpage est propre. C'est de la belle ouvrage mais rien de bouleversant artistiquement parlant. Finalement, c'est déja pas mal.

Ce qu'il me plait le plus dans les Karate Kid, c'est l'écriture de Robert Mark Kamen et plus particulièrement sa façon d'aborder les suites de ses scénarii. Pour vous faire une idée, j'adore son travail avec Luc Besson. Son travail sur les Transporter, Taken, Danny the dog etc... me ravit beaucoup dans leur manière décomplexée d'aborder la série B d'action. Tout n'est qu'épure et suit un chemin tout tracé, avec toujours les mêmes archétypes de personnages, le même style de problème, la même résolution, les scènes d'action, d'humour, d'amour placées aux mêmes endroits. Un scénario où l'épure est reine. J'adore voir Robert Mark Kamen réécrire éternellement le même script en changeant simplement les décors, les personnages et le fil rouge de l'intrigue. Il y a une dimension fascinante dans cet univers où tout se répète à l'infini mais avec des variations multiples et sans fin. C'en est presque une figure de style.

Karaté Kid 2, c'est donc le 1 mais au Japon et avec une intrigue qui tourne désormais autour du maître Miyagi. L'intrigue et le film prennent finalement plus de corps, ajoutant à cela l'exotisme de cette nouvelle aventure, voilà sûrement pourquoi je préfère cette suite à tous les autres épisodes. Les combats sont toujours aussi inutiles qu'incroyablement fades. Là aussi, on est très loin du premier Rocky et bien trop près du râté combat de rue final de Rocky 5. Aucun des combats n'attise mon attention, je dirais même qu'à chaque combat de la saga, le soufflet retombe de plus en plus violemment.

Et le pire, ce sont toujours les combats assurés par Pat Morita. Même doublé, c'est d'une incroyable lenteur. Je n'y crois pas une seconde et c'est ce que j'aime : c'est si grotesque que ça en devient une license poétique : j'accepte d'y croire bien que rien ne s'y prête, ce qui tisse un lien, une connivence, une proximité avec le film, à condition d'être de mèche comme moi. Et ce n'est qu'à cette condition, à mon humble avis, que l'on peut passer un agréable moment devant ce film popcorn qui, si on ne l'a pas vu enfant et qu'il ne bénéficie donc pas de l'effet "madeleine de proust", peut cependant s'avérer difficilement appréciable.