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Voici le grand retour de Karan Johar, l’homme qui ne tourne ou ne scénarise que des blockbusters commencant par la lettre K.
« Kuch Kuch Hota Hai », « Kabhi Khushi Kabhie Gham » (La Famille Indienne), « Kal Ho Naa Ho» (réalisé par Nikhil Advani), et enfin ce « Khabi Alvida Na Kehna » qui, comme ses prédecesseurs a pulvérisé quelques records, en attendant la prochaine fournée.


Laissez votre cervelle au vestiaire, retrouvez votre côté fleur bleue et venez donc faire un voyage à New York avec Shah Rukh, Amitabh, Rani, Preity, Abhishek et toute la petite brochette de poseurs que vous connaissez déjà par cœur si vous suivez Bollywood régulièrement.


Cette fois-ci c’est une méchante histoire d’adultère que Johar a décidé de nous raconter.
Comment ? Adultère ?
Va-t-on encore brûler des cinémas en Inde ?
Pas du tout, car Karan Johar est astucieux, il préfère parler de « rencontre de l’âme sœur alors que l’on est déjà en couple » et de ses conséquences, tel un microbiologiste du coup de foudre, un théoricien des passions inavouables.
Car il était risqué de faire fricoter Shah Rukh Khan, le gendre idéal, avec Rani Mukherjee tout en donnant à Pretty Zinta et au fils Bachchan les rôles de cocus de service.
Ca vibrillonne dans les forums et dans la populace, on ne plaisante pas avec ces choses-là et Shah Rukh et Abhishek se sont empressés de se démarquer de ces théories contre-nature à grands coups de déclarations dans la presse du style « tromper c’est pas bien ! ».


En tout cas, Johar réussit son pari avec cette vraie-fausse polémique qui a fait parler d’un film qui n’en avait de toute façon pas grand besoin vu qu’il a atteint les sommets du box-office.


Qu’en est-il de la qualité intrinsèque de ce « KANK » ? De la magie, tout simplement.
Tourné en partie à New York, le film exploite à fond les parcs, rues, gares, et marches des palais de justice et autres facultés de la Grosse Pomme.


Tout cela donne un cachet très « Love Story » à cette petite affaire, mais au lieu du célèbre thème musical de Francis Lai qu’on ne serait qu’à moitié surpris d’entendre, on a droit à quelques uns des plus beaux morceaux composés par l’usine à rêves depuis fort longtemps « Kabhi Alvida Naa Kehna » et «Tumhi Dekho Naa » sont de vraies petites perles qui resteront gravées dans votre tête pendant de longs mois.
Alka Yagni et Sonu Nigam au chant, le trio Shankar-Ehsaan-Roy à la baguette, c’est comme Schumacher dans une Ferrari.
Rajoutez-y un morceau world-technoïde, (Where’s the party tonight), un autre plus traditionnel mais très festif (Rock N Roll Soniye), un autre plus lyrique (Mitwa), et un peu de trance pour couronner le tout et vous obtenez une sacrée bande son, originale et variée, meilleure que celles de « Devdas », « Mohabbatein » ou « La famille Indienne », qui étaient déjà excellentes au demeurant.


Farah Khan s’est occupée des chorégraphies, c’est une réussite moins évidente sur ce coup-là, mais ne faisons pas la fine bouche puisque Mr Johar, superstitieux, s’est payé le luxe d’inviter Kajol à faire une courte apparition le temps d’une danse, celle-ci ayant refusé le rôle de Rani Mukherjee (qui elle-même devait interpréter celui de Preity Zinta…vous suivez ?) en raison du long tournage à l’étranger.


Malgré toute l’admiration que j'éprouve pour Kajol, sa défection permet à Rani Mukherjee d’obtenir l’un de ses plus beaux rôle, avec « Black ».
Elle est tout simplement magnifique, touchante, habitée, elle bouffe l’écran et le spectateur avec, reléguant tous les autres protagonistes loin, loin derrière.
Il n’y a guère que ce bon vieux Amitabh Bachchan, et sa cultissime coolitude, qui puisse lui arriver à la cheville dans ce film. Mais à la cheville seulement.


D’ailleurs, est-ce Mukherjee qui tire le reste de la bande vers le haut ?
Peut-être bien, car Shah Rukh Khan, qui nous fait son numéro habituel, cabotine ici beaucoup moins, c’est sans doute le métier qui rentre me direz-vous, et donc encore quelques années de pratique en perspective.
Crucifié par l’écrasante présence de son papa, Abishkek Bachchan, quant à lui, était condamné à fournir une prestation peu inspirée malgré une bonne volonté évidente.


Joli coup pour Preity Zinta qui contrairement à «Veer-Zaara» n’a pas le principal rôle féminin à porter. Ca lui réussit plutôt bien.
A noter également, et à l’instar de Kajol, une courte apparition de John Abraham en DJ et aussi Arjun Rampal en collègue de bureau, histoire d’attirer davantage d’adolescentes dans la salle.


Pourquoi va-t-on voir ce défilé de stars, toujours les mêmes, et pourquoi la recette nous emballe-t-elle autant malgré un scénario d’une telle banalité ?


Parce que ce cinéma là parle à nos instincts les plus primaires, comme le fait un film d’épouvante pour certains ou encore pornographique pour d’autres.
On sait très bien comment tout cela va se terminer, mais on devient tout de même complice du réalisateur et de Shah Rukh, on s’attend même à le voir faire de petits clins d’oeils à la caméra histoire de nous faire comprendre que nous aussi nous faisons partie de ce gigantesque processus de divertissement de masse.
« Khabi Alvida Naa Kehna » c’est une expérience qui transcende le simple fait de voir un film. C’est une communion avec toute la culture populaire indienne et un témoignage de son occidentalisation irréversible.
« Khabi Alvida Naa Kehna » c’est aussi 3h13 de bonheur, bien plus court et surtout bien plus réjouissant que toute une saison des « Feux de l’Amour » non ?
Avec cet argument de poids, vous n’avez plus d’autre choix que de vous procurer le film.

Tequila
9
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le 27 mars 2022

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