A quoi bon ?

On a reproché à Michel Audiard d'avoir cédé aux sirènes de la renommée quand il est passé du dialogue à la réalisation. Plusieurs films, très inégaux, en sont le résultat. Finalement, en les revoyant, ce n'est pas si mal que ça. La verve du dialoguiste s'est un peu diluée néanmoins.
C'est le même genre de critique qu'on peut faire à Alexandre Astier dans ce film, lui qui n'a pas forcément dissimulé qu'Audiard avait été l'une de ses sources d'inspiration pour ses dialogues efficaces et jubilatoires.
Autant le format de la mini-série permettait le déploiement des punch-lines dans toute leur plénitude, autant dans ce film leur delaiement dans une intrigue confuse en fait perdre tout le sel.
Passons sur les costumes et les décors, dont la modernité aurait exigé beaucoup plus de moyens pour être acceptables, et attachons -nous à la déconstruction du récit. C'est là une pente naturelle chez Astier qui nécessiterait beaucoup plus de maestria technique pour éviter le sentiment d'éparpillement qui vous saisit au visionnage. Le parti-pris de ces constantes réminiscences vient rompre un fil narratif très ténu, que les faiblesses scénaristiques affaiblissent encore. Ainsi le roi Arthur change brutalement d'avis sur son retour à Kaamelott, et au pouvoir, sans que ses motivations ne soient vraiment intelligibles.
Ce puzzle se voit lui-même affaibli encore, comme s'il en était besoin, par la nécessité de réactiver quelques gimmicks et répliques "bien sentis" de la série à destination des aficionados. De cette valse-hésitation entre une ambition d'originalité narrative et un ancrage dans une mythologie de scènes au format Tiktok ne résulte qu'un film assez batard. Hommage involontaire aux origines du roi Arthur ?