"C'est l'époque des blousons noirs et des jus de fruits"

Cette tirade n'est pas du Audiard, mais du Jean Amila, écrivain prolifique et scénariste de nombreux films de l'époque pas tops malgré la distribution (Blier), le réa (Lautner), voire Z (et pas nanards).

Comme quoi.

En plus c'est du Maurice Labro, notre Steno multigenres, et bien souvent malgré de bonnes distributions, ses œuvres sont carrément obsolètes (sauf pour les chercheurs en ciné de quartier) ou chiantes à mort.

NB : Forcer votre pire ennemi à regarder 5 fois à la suite "Casse-tête chinois pour le judoka" ou Le tampon du Capiston (en pleine coupe du monde) peut être un supplice digne de Fu-Manchu. Je dis ça je dis rien.

"Coplan prend des risques" ou "Monsieur Leguignon, lampiste" (en quête de logement, c'est pas "Main basse sur la ville" mais ça montre 2-3 sales trucs de l'immo, l'abbé Pierre avait raison) sont néanmoins sauvables pour le kitch ou Yves Deniaux.

Sur les 13 films vus du réa, vous aller me dire c'est pas bcp :-).

Que de Bergman ou d'épisodes de Person of interest j'aurais pu me faire à la place ;-)

Le reste de la Labro production peut tranquillement se faire -légitimement bazookater par Truffaut, là on le comprend. ,-)

Sinon, ça part dans un rogaton de "Goupil Mains-rouges" (bonjour Noel Roquevert, au passage), puis dans du policier mollasson (bonjour René Dary, au crépuscule, mais qui tient la route) puis dans du documentaire pédago et édifiant sur les méfaits de l'alcool sur les enfants.

Et là, on comprend la tirade d'avertissement au générique.

"Les noms de lieux et de personnes sont imaginaires et que toute ressemblance ou similitude avec des noms réels ne seraient que de simples coïncidences" (bon là OK)

« En revanche, les événements et les personnages de ce film ne sont pas imaginaires. Ils reflètent malheureusement la plus navrante réalité ».

(on se demandait le rapport avec les 20 premières minutes du film...tilt !...on entre dans Délivrance).

Aussi, la citation indiquée dans le titre de mon humble "critique" vient non pas de la bouche du bistrotier ou du bouilleur de cru mais...de la directrice d'école, ça met l'ambiance sur les moeurs d'une Normandie rurale des années 30 (pardon 60's).

La jeune, jolie et digne institutrice, croisée anti-calva (et son couz' des indirects), est scolairement jouée par Juliette Mayniel, future mère d'Alessandro, le fils Gassman.

Donc mélange de récit policier et de fait sociétal à méditer (genre avoir le film et le débat des dossiers de l'écran tout en 1).

Attention, je ne me moque pas ça donne des chefs-d'oeuvre comme "Z" ou des trucs à decouvrir comme "Le Banquet des fraudeurs" sympathique tract pro-CEE (Nous sommes en 1953) au casting gourmand (Rosay, Deniaux, Frankeur, André Vamy...).

Ca tombe quand même à plat comme policier.

Bryant Haliday (?) pour son premier rôle, campe un véritable plagiat boursouflé de Theo (des Tontons Flingeurs) en pas drôle et qui fait pas peur. Presque du Jean-Marie Pallardy, les amateurs apprécieront.

Le coté découverte du terroir normand et mœurs et des caractères des autochtones m'a laissé sur ma faim (je vais me renseigner auprès d'un local).

Et pourtant y'a un truc de ce poke bowl refroidi qui passe quand même (y'a de la pomme aussi, et sous bien des formes et des degrés) et dans ma quête du bon film/ le bon réa, le même sujet dans les mains d'un Jean-Paul le Chanois adepte de la pédagogie éducative aurait vraiment pu tenir la route.

Sinon, y'a Bernadette Lafont très bien en Bernadette Lafont, Roger Rudel, vite fait, en cureton (on le reconnait à sa voix, promis :-), Colombo Sauvion ou Margot Lion.

Pour les vraiment curieux qui veulent voir tous les Roquevert en buvant du calva ou les fans d'une pédagogie républicaine face aux coutumes locales.

P.S. : Il paraît que le roman rend mieux l'ambiance de Wonder woman au pays du café-calva à la récré du CE2 ("c'est not' bien, madame") au XIX° siècle (pardon début 60, son rock et ses blousons noirs).

Neubauten
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le 28 févr. 2023

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