Imaginez qu'à la fin d'Armageddon, la mission foire, qu'ils meurent tous dans d'atroces souffrances et que le météore continue sa laborieuse chute vers la Terre. Jusqu'à ce que... en serait directement la suite. Le film amène d'ailleurs le petit clin d'oeil en précisant que la navette avec une mission similaire a échoué, et que la fin du monde est programmé pour dans trois semaines, soit 21 jours. C'est le point de départ du film et pour Dodge, quarantenaire qui est cadre dans une boîte d'assurance et dont sa femme l'a quitté immédiatemment après avoir entendu la nouvelle, sous ses yeux. Dodge va retrouver une lettre récente de son ancien amour d'enfance, Olivia, qui lui déclare sa flamme et va commencer un road trip accompagné de sa nouvelle amie Penny pour la retrouver.

Je dois avouer, je n'étais pas plus emballé que ça, même après la vision de la bande-annonce. Ça ressemblait à une comédie classique américaine récente, avec des gens qui pètent un câble et qui prennent de la drogue. Oui, parce que dans la majorité des comédies américaines du moment, les persos prennent de la drogue pour assurer un minimum la séquence drôle du film, et pour être "in". Sauf qu'en fait, la bande-annonce fait fausse route, et ce film au titre que je vais résumer par JCQLMVS déroute en bifurquant dans une direction plus surprenante et bien amenée. Fin du monde oblige, on assiste dans la première moitié du film à des personnes qui se lâchent complètement et qui profitent de leurs derniers instants pour faire n'importe quoi: des shoots d'héroïnes (nous y voilà), faire boire de l'alcool à des enfants ou des partouzes dans des restaurants. Ça reste quand même soft, parce que ce n'est pas le propos du film.

Non, là où nous emmène le film, c'est cette rencontre entre deux personnages diamétralement opposés: Dodge, assureur coincé et timide d'un côté, et Penny, jeune femme délurée, émotive et pleine de vie de l'autre. Ils vont faire leur route ensemble, l'un veut retrouver son premier amour, l'autre veut trouver un avion pour revoir sa famille à Londres. Evidemment, le principe du road-trip étant ce qu'il est, ils vont vivre des mésaventures rocambolesques qui vont les rapprocher, sur fond d'apocalypse quand même optimiste mais pas toujours. On y voit du suicide, direct ou indirect via des tueurs à gages histoire d'aller au paradis, ou des émeutes un peu violentes. Comme je le disais, ça n'ira jamais très loin parce que ça reste une comédie à la base, mais la direction où nous emmène le film est aussi intéressante. On a même des petits seconds rôles croustillants, à base de Gillian Jacobs, William Petersen ou Martin Sheen.

On se concentre donc sur ces deux personnages qui se racontent leur vie au fur et à mesure, qui se découvrent et qui s'apprécient, parce qu'ils prennent le temps de discuter et de profiter de ces derniers instants comme jamais ils ne l'auraient fait dans leur vie d'avant. On savoure ces petits instants grâce à deux acteurs géniaux. Steve Carrell garde son côté sobre et blasé qui marche si bien pour un film du genre et qui permet d'apprécier encore plus ces petits instants de joie qu'il montre. Keira Knightley, quand à elle, joue une femme joliment délurée, craquante comme tout, et dont on tombe amoureux à la fin du film tellement elle joue avec justesse, cette femme amoureuse des vinyles et qui se révèle émouvante lors de cette scène au téléphone avec sa famille. Deux personnages avec d'autres acteurs secondaires tout aussi bons, et qui jouent avec les clichés du genre en nous surprenant, jusqu'à un final fantastique.

Jusqu'à ce que la mort vous sépare (en anglais, la traduction exacte est "Cherche ami pour la fin du Monde") est surprenant, beau et émouvant. La première moitié commence comme une comédie classique sans tomber dans la vulgarité que l'on voit partout et présente la situation de façon optimiste, et opère un virage en douceur dans la seconde moitié pour tomber dans un mélodrame jamais gratuit, vraiment honnête et juste. Et la BO défonce, avec des morceaux choisis avec goût. Un bien beau film, une très jolie surprise. Je recommande chaudement.
Cronos
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