Au pays des dinosaures aveugles les scénaristes sont les rois

Attendu depuis plus d’un an par le public (le film devait initialement sortir en juin 2021), Jurassic World Dominion arrive enfin dans nos salles. Le film précédent de Juan Antonio Bayona se clôturant de manière orgasmique pour les fans de dinosaures car les voilà enfin lâchés dans notre monde à nous. Ce cas de figure fantasmé par beaucoup se voulait l’apogée d’une saga qui a soufflé le chaud et le froid (voir notre top 6 des films de la saga).

D’entrée de jeu, le film ne part pas gagnant : en règle générale, le fait d’ouvrir un film par l’intermédiaire d’une journaliste qui présente le décor est bien souvent la preuve d’un manque d’idée flagrant. Ce qui est assez paradoxal car le film fourmille d’idées en tout genre, mais il a un problème majeur : l’histoire est bête, profondément bête.

C’est d’ailleurs un problème général à la saga Jurassic World, l’impression que ça a été écrit par un enfant de 10 ans. Et ce troisième opus ne déroge pas à cette règle ! Entre des séquences d’espionnage niaises et des personnages qui tombent sans le vouloir pile au bon endroit à chaque fois, cela relève plus de la paresse scénaristique que d’une quelconque maladresse à l’écriture ! En soi, certaines idées ne sont pas mauvaises, mais elles sont très mal exploitées par le scénario.

Et tous ces problèmes ne sont du ressort que d’une seule personne : Colin Trevorrow et son melon énorme depuis le succès commercial du premier film Jurassic World. Il semble incapable de se rendre compte qu’il a eu la chance de se trouver au bon endroit, au bon moment et qu’a aucun moment il n’a éclaboussé la saga de son talent. Et ce n’est pas cette réplique méta d’un des personnages : « Jurassic World ? Je suis pas fan » qui me démentira : certains y voient une simple vanne, alors que ça pue la fausse modestie.

Au diable la cohérence également. Entre certains personnages dont les intentions virent à 180° par rapport aux films précédents, le retour de certains personnages parfaitement inutiles (sans citer leur nom, on pourra parler du PDG de Biosyn ou encore du membre des services secrets rencontrés sur Malte). S’ajoute à ceci une palanquée de nouveaux personnages qu’on nous présente comme importants mais qui se retrouvent expédiés à la va vite et ne font qu’encombrer un scénario qui ne respire jamais.

Il serait injuste cependant de bouder son plaisir face au retour d’Alan, Elie et Ian Malcolm : non seulement ils bénéficient d’un vrai rôle dans l’histoire, mais on voit aussi qu’ils ont pris du plaisir à revenir comme nous en avons à les voir reprendre leurs rôles iconiques. L’alchimie entre les personnages n’a pas bougé depuis les années et ils éclipsent presque à eux seuls le trio Owen-Claire-Maisie.

Et les dinosaures là-dedans ? Si c’est toujours un sourire aux lèvres que l’on revoit la T-Rex, les dilophosaures ou encore Blue, les nouvelles espèces présentées ici manquent de personnalité. L’une des principales raisons qui ont fait de Jurassic Park un grand film, c’est l’iconisation des personnages et des dinosaures. Ici, il n’est aucunement question de ça, on passe d’une espèce à une autre, et les dinosaures sont ici relégués à n’être finalement que du décor. Alors oui, le Giganotausaure est plus grand que le T-Rex et oui, le thérizinosaure est impressionnant, mais à aucun moment ils ne tutoieront l’aura de leurs illustres prédécesseurs.

Sous oublier le final ridicule qui singe le Kaiju EIga du premier film Jurassic World (qui n’était déjà pas une bonne idée à la base). Le tout n’est pas aidé par des effets spéciaux parfois approximatifs et à certains animatroniques indigents (pour ne pas dire honteux en 2022).

Pour conclure, si l’on est heureux de voir une telle quantité de dinosaures et le retour de certains personnages, il est vraiment dommage que le concept de base du film soit si peu desservi (les dinosaures dans notre monde), pire, les dinosaures ne sont ici que du décor et leur présence est énigmatique. Le tout n’est pas aidé par un scénario inutilement compliqué et paradoxalement totalement stupide, racontant deux histoires en même temps et qui auraient gagné à être sorti en deux films distincts

trasher
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le 7 juin 2022

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