Junk Head
6.9
Junk Head

Long-métrage d'animation de Takahide Hori (2021)

Drôle, indomptable, pittoresque : voilà les adjectifs qui qualifiraient le mieux ce film d'animation en stop motion réalisé par une équipe de 2 personnes et sur 7 années (d'après ma source sûre mais très hyperbolique), le début d'une trilogie que je suivrai avec plaisir, rendez-vous en 2036 pour la conclusion et la review (et aussi pour la sortie de Elder Scrolls VI).

Drôle

Sous ces deux sens, ce mot définit l'essence même de ce qu'on éprouve au visionnage de cette drôlerie. Comment fait-il rire ? Par surprise, par sobre hystérie, par des scènes hommages à d'autres oeuvres (Star Wars, Max Payne). L'humour est pipi caca, convient complètement à mon moi actuel (23 ans btw, hey what did you expect ?), mais en même temps comment ne pas être plié quand un stremon défèque un étron censuré par son anus souriant ? Qui à ma table peut s'assoir stoïque devant l'impassibilité de Toro le cheval sans poil, dont le sexe balancier couvrant la caméra ferait palir n'importe quel homme à la peau d'ébène ? Et n'oublions pas l'objectif final de l'humain, une belle connerie :

s'approprier la bite de Toro.

Une drôlesse de bêtises, et une drôlesse d'originalité, que j'élaborerai un peu plus loin.

Indomptable

sauvage sur les éléments de clash, le film-maker exécute son laisser-vouloir :

  • Dans un univers qui emprunte aux oeuvres de Tsutomu Nihei (Blame), une SF où peu est dit, et on est incapable de comprendre l'humain de ce siècle ou millénaire ou autre période calendaire.
  • Dans la direction des scènes d'actions, de tension, de course poursuite, de slow mo, de stop motion frissonante. Une apogée entre gladiateurs et bête chimérique homérienne, l'humour laisse place à l'amour de la frappe, du tabassage chorégraphié des trois mousquetaires si puerils mais si affables par leur comportements et leur ingénue révérence envers l'humain. Une rafale de balles akimbo à la GTA S.A ne suffit par à arrêter le stremon, il lui fallait un poing américain pour lui déloger ses canines. On ne s'arrête que très peu pour respirer et repartir dans le combat au destin insondable.
  • Dans un bestiaire abominable, tous les stremons sont atroces. La stop motion donne une illusion de peau humaine réaliste, c'est vraiment abominable et c'est pour ça que c'est si bien.
  • Dans une b.o sans doute faites avec des instrus gratos sur le net, sans toutefois la disgracier étant donné qu'elle combine synthwave, electro, drum-drum, et rythme. L'accompagnement synthétique saccade comme il le faut les scènes de BIM BOUM.

Pittoresque

Sous ce mot un peu vielli, je souhaite souligner l'originalité du film, le parti pris et la force et l'endurance qu'il a fallu aux personnes moteurs pour extraire un produit de fini, et même mieux, une oeuvre réussie. On est toujours sur le débat entre perfectionnisme et production à la chaîne, la fameuse règle du 80/20 : on mettra autant temps à faire ce que l'on souhaite faire dans les 80 premier % que dans les 20 derniers %. Alors, est-ce important d'aller chercher ses 100% ? Où vaut-il mieux passer à un autre projet, aller chercher d'autres sujets intouchés, expérimenter de nouvelles façons de travailler plutôt que de parfaitement finir notre projet inital ? 7 années pour faire un film, c'est presque une décénie, je reste bouche bée devant cette prouesse. La leçon que je retiens c'est qu'il vaut mieux s'entourer et se faire aider pour arriver à quelque chose plus rapidement, peut-être au détriment de la vision originale et le charactère bizarre des premiers prototypes. Qui suis-je pour dire ce que dois faire un réalisteur ? Je suis bien content qu'il y ai encore des forcenés de leur passion qui la partage si vaillamment, moi j'y arriverai sûrement pas.

Toutefois quelques points noirs sur le film :

  • les bruits assourdissants frappants les tympans (scie ou métaux qui frappent entre eux...)
  • la clim dans la salle
  • une fin abrupte, expédiée, une entracte en fait. Une trilogie est annoncée, objectif prochain bosser un peu plus le final.
  • le chaperon rouge sous exploité, l'histoire principale mise de côté, avec un texte Star Wars en début de film pour pousser le spectateur dans la mégastructure abyssale, une scène d'action d'une bête qui ne ressemble à rien d'autres de ce qu'on va voir comme abérrations dans le film, sans aucun mot sur ce que ca peut être.
  • tous les arcs ne se valent pas, l'étape "épave" ne m'a pas plus, la volonté d'un homme réduite à néant à cause d'un soucis de perte de personnalité ou mémoire. Un passage UPS sur lequel peut de choses intéréssantes se passe, même si j'avoue des jolies plans d'infinités trop éphèmeres (puisque leur durée ne dépasse pas celle qu'il me faut pour engloutir du chocolat) se succèdent.
Mwoon
7
Écrit par

Créée

le 26 juin 2022

Critique lue 41 fois

1 j'aime

Mwoon

Écrit par

Critique lue 41 fois

1

D'autres avis sur Junk Head

Junk Head
freddyK
9

La Supreme Dimension

En regardant le générique de fin de Junk Head on constatera avec amusement que le nom de son réalisateur Takahide Hori apparaît absolument partout et pour cause puisque le film qui est le fruit de...

le 27 août 2023

5 j'aime

1

Junk Head
Jean-FrancoisS
7

SF 100% homemade

Voici un OVNI de science-fiction, pur, dur, radicale comme on n'en voit que très peu finalement dans le genre. Un univers singulier original parfois déroutant, un vrai film de SF aux références...

le 13 sept. 2021

4 j'aime

Junk Head
Dandure
10

Bah dis donc, ça a changé les films Pixar !

Attention, cet avis comporte ce genre de divulgâcheurs :

le 22 mai 2022

3 j'aime

Du même critique

Hell's Paradise
Mwoon
4

C'est quoi ça

Mappa, les mecs ont fait L'attaque des titans, Chainsaw Man, God of High School, Dororo, Fking Jujutsu Kaisen !Ces gens là sont des animateurs qui carburent sans compter les heures malheureusement,...

le 18 juil. 2023

2 j'aime

3

The Longest Road On Earth
Mwoon
6

Un jeu-album artsy et intimiste

J'aime le concept des jeux-albums ( notamment Sayonara Wild Hearts ) parce que leur production sonore sont d'une richesse d'émotions fédératrice, c'est difficile de ne pas être nostalgique lorsque...

le 15 janv. 2024

1 j'aime

Ant-Man et la Guêpe - Quantumania
Mwoon
3

Insect Wars Episode I : la menace simiesque

Ounga ounga wawa : les dernieres minutes du film. Comment Disney peut laisser passer ça ?? Woaw, je me demande comment ca a pu passer ?Le dernier film Marvel que j'ai vu, c'était Doctor Strange :...

le 16 févr. 2023

1 j'aime