Que vient faire Julien dans ce marais aussi asséché que mon gosier en été..

Pendant que les végétariens mangent les plantes qui font de l’oxygène, nous on sauve le monde en mangeant les vaches qui pètent le méthane

A lire le titre, on dirait un conte de fées...

Dans la réalité, c'est un film d'horreur ! Une atteinte contre la nature !

Chaque fois que l'homme veut contrarier la nature, il génère des catastrophes ! Quand il ne l'a pas méprisée ! Premières vacaces à Cabasse dans le Var ou ruisselait une rivière : l'Issole tellement généreuse qu'elle courrait limpide le long de maisonnées pour le plus grand bonheur de ses habitants et de leur porte-feuille... Que de belles pêches j'y ai faite ! Longtemps après, j'y suis retourné : asséchée et laissant un spectacle de désolation. Plus aucune vie animale liée à l'eau.

Prélèvements agricoles abusifs...

Autre exemple, l'Indre ou devant le gîte étaient exploités de façon moderne des hectares de maïs...

Des usines à gaz pompaient l'eau de la rivière pour arroser aveuglément les champs automatiquement. Même quand ils tombait des trombes d'eau, les arrosages vomissaient leurs hectolitres de pompages, arrosant même la cime des arbres bordant la rivière !

Croyant à un déréglage, j'alertai l'agriculteur qui me répondit que de toute façon, elle retournait à la rivière. Ah bon ! Et drainant au passage tous les nitrates et autres pesticides...

Pêcheur, amoureux de la nature, tous ces préambules pour expliquer que je fais partie de ces écologues comme vous et moi car ne le sommes-nous pas tous, ne fut-ce qu'un peu ?

Le titre avec Julien ne pouvait donc me laisser insensible d'autant que j'ai délaissé le Var au profit du marais poitevin, sorte d'oasis naturelle n'ayant rien à voir avec Venise.. Chaque année, je découvre un autre aperçu de cette zone merveilleuse s'étalant sur plusieurs départements, et ses célèbres conches qui irriguent le pays... Je suis marais poitevin d'adoption mais n'en ai pas fait le tour...

Ma première expérience fut pourtant désastreuse : pêche au bord de la propriété, bateau à disposition, produits bio de la basse-cou ou du potager, et photographe connaissant le marais comme sa poche. Ce fut la cata ! La conche était envahie de lentilles d'eau. Cette plante parasite et faite de feuilles minuscules qui se développent à toute vitesse à la surface de l'eau et l'asphyxient rapidement, tuant toute vie aquatique en- dessous et empêchant les rayons du soleil de jouer leur œuvre bienfaitrice. Le seul prédateur de cette plante aussi nuisible qu'envahissante est le canard, accessoirement le castor mais ils sont loin de pulluler...

Durant huit jours, je n'ai pas réussi à prendre le moindre alevin , la plus petite anguille... Côté bateau, impossible de faire plus de dix mètres à travers ce tapis épais de végétation aussi épais et dru que les myriophyllums ou autres herbes aquatiques... Même désolation chez les autochtones pouvant capturer des anguilles dans des nasses : plus l'ombre d'une civelle...

M'étant plaint de cette arnaque à la location de gites, mon hôte m'expliqua que ce phénomène était imprévisible et écolo lui-même m'expliqua l'évolution désastreuse du marais...

Jadis, un ministre avait rêvé de transformer cette riche terre d'élevage de bétail en champs agricoles... Je vous fais grâce des détails. Subventions, aides en tous genres, le sol n'était pas fait pour ça ! Je confirme : à la recherche de vers de terre dont les anguilles sont friandes, il m'eut presque fallu un marteau-piqueur pour défoncer cette terre ressemblant à du béton....

Beaucoup de candidats agriculteurs furent d'ailleurs ruinés lors de ces tentatives de reconversion...

Certains terrains remplirent leurs espérances mais avec force engrais et autres produits plus ou moins nitratés s'étant infiltrés dans les nappes phréatiques et ayant favorisé une végétation aquatique des canaux ingérable...

Ce long préambule à destination de ceux qui verront dans ce reportage qu'un nouvel ennemi menace : les"bassines" qu peut-être elles aussi, abreuveront les champs quand il pleut ? En tout cas, ces prélèvements montrent déjà leurs effets désastreux : des rivières aussi sèches que l'Issole que j'avais connue luxuriante... Même des lacs perdent leur eau : ceux de Carcès, Montauroux mais combien d'autres ? L'Ardèche, c'est pire...

Le marais poitevin est la seconde zone humide de France que nous fait visiter Julien, batelier qui manifeste son enthousiasme pour ces lieux qu'il affectionne, ces coins sauvages ou pullulent libellules, demoiselles, crevettes d'eau douce... Au travers de son parcours, on découvre d'anciens lits asséchés se recouvrant d'herbes : la nature a horreur du vide. Mais plus ces terres et cette eau que le bétail transporté en barques, affectionnaient ! Tout un tas de résidents s'opposent à ce qu'au nom de la productivité, on ne nuise aussi inexorablement à l'anéantissement du marais poitevin qu'on ne le fait avec les forêts d'Amazonie...

Décidément, ces bassines nous bassinent...

Dis papa, c'est quoi une anguille ? Déjà qu'on ne trouve plus de langues d'agneaux dans les supermarchés et que de veaux ça devient difficile !

France 3 le11/03/2024. Disponible jusqu'au 19/05/2024-26.03.2024-

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le 16 mars 2024

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