Pour finir l'année en beauté, David O. Russell nous raconte l'histoire vraie de Joy Mangano, interprétée par Jennifer Lawrence. Le portrait d'une femme, à travers une success story, un genre qu'affectionne les américains, le pays où tout est possible, le meilleur comme le pire.


Joy Mangano (Jennifer Lawrence) a des rêves et une grande imagination depuis l'enfance. Sa grand-mère Mimi (Diane Ladd) croit en elle, mais la séparation de ses parents Terry (Virginia Madsen) et Rudy (Robert de Niro), va modifier ses projets. Puis un jour, elle va avoir une idée qui va changer sa vie, mais le chemin pour imposer son invention ne sera pas des plus facile.


Une femme forte. Bien avant que les Destiny's Child nous casse les oreilles avec leur Independant Women, d'autres femmes ont pris leurs indépendance pour accéder à leurs rêves, la fortune, la gloire où écrire l'histoire. On peut citer Simone Veil, George Sand, Rosa Parks, Marie Curie, la princesse Leia, Wonder Woman où encore Oprah Winfrey. Mais David O. Russel a choisi de raconter le parcours de cette illustre inconnue; du moins en France et surement au Kazakhstan; Joy Mangano, l'inventrice de la serpillière magique, cela n'est-il pas formidable ? Une femme qui invente un produit surtout destiné à la fameuse ménagère de moins de 50 ans, cela a de quoi m'émouvoir. J'attends avec impatience le biopic sur William Painter, l'inventeur du décapsuleur....
Cela aurait pu être passionnant de découvrir l'histoire de cette femme forte. David O. Russell avait su le faire avec le biopic qui relança sa carrière Fighter. Mais cela ne fonctionne pas cette fois-ci. Pourtant cela démarrait plutôt bien. Le film oscille entre l'absurde avec la mère de Joy, Terry (Virginia Madsen) ne quittant plus sa chambre depuis son divorce avec Rudy (Robert de Niro), passant son temps devant un soap lui permettant d'oublier sa vie. L'humour avec le retour de Rudy à la maison, devant cohabiter dans le sous-sol de la maison avec l'ex-mari de sa fille Tony (Edgar Ramirez). Puis Joy (Jennifer Lawrence) tentant de maintenir un certain équilibre dans sa maison, devenue l'annexe d'une asile de fous. Une belle brochette de personnages déjantés où désenchantés, vivant sous le même toit, cela semble prometteur. Mais c'est mal connaitre David O. Russell, devenu un réalisateur prétentieux, visant constamment les oscars en rassemblant presque la même équipe autour de lui : Jennifer Lawrence, Bradley Cooper et Robert de Niro, autour d'un scénario bavard et vain.


La lente chute de David O. Russell. Grâce à Fighter, il avait retrouvé les faveurs d'Hollywood, avec des oscars pour Christian Bale et Melissa Leo. Avec Happiness Therapy, il offrait l'oscar à sa muse Jennifer Lawrence et se permettait même le luxe d'être mon film préféré de 2013. Puis American Bluff, fût un calvaire et une énorme déception. Il a certes eu une flopée de nominations aux oscars, mais n'en a reçu aucun. Ce film était-il un moment d'égarement ? Malheureusement, pas vraiment. On retrouve dans Joy, la même prétention que dans American Bluff, avec cette nouvelle propension à parler pour ne rien dire. Il y aussi cette impossibilité à rendre l'ensemble passionnant, de se perdre en voulant partir dans toutes les directions, sans réussir à rendre tout cela cohérent. C'est parfois kitsch, un peu drôle mais jamais émouvant, avec cette absence d'empathie face à une Jennifer Lawrence entrain de gaspiller son talent devant la caméra de David O. Russell.
Elle a pourtant un rôle à oscar, mais elle ne donne jamais l'impression d'être dans le rôle. Elle n'est pas crédible en mère de famille et c'est pas une tâche sur chacun de ses chemisiers, qui va modifier cela. Surtout qu'elle ne porte de l'attention qu'à sa petite fille Christie (Aundrea et Gia Gadsby), laissant de côté son fils Tommy (Tomas et Zeke Elizondo), sans que l'on sache vraiment pourquoi, à moins que cela soit les filles contre les garçons, ce qui serait un peu stupide, n'est-il pas ? C'est aussi une femme intelligente, qui va essorer une serpillière alors qu'elle vient de la passer au milieu de débris de verre... Cela lui servira de déclic, un peu comme la pomme avec Isaac Newton. Jennifer Lawrence est de plus en plus inexpressive, même si parfois son sourire illumine l'écran, elle ne convainc pas lors des disputes avec son ex-mari, sa demi-soeur Peggy (Elisabeth Röhm) où face à Neil Walker (Bradley Cooper). Il est bien loin le temps de Winter's Bone.


Un film d'acteurs. Avec Jennifer Lawrence décevante, il y a heureusement un Robert de Niro en grande forme, surtout lors de la scène du mariage. Mais comme le film est construit autour de Joy, il va se faire plus discret. C'est le même constat avec Virginia Madsen, où chacune de ses apparitions est un vrai régal. Elle a juste besoin d'un lit et d'une paire de lunettes bien trop grande pour exister. Elle aurait fait une parfaite héroïne. Diane Ladd est la narratrice, son regard est tendre sur sa petite fille, cela la rend attachante. Au contraire, Isabella Rossellini en fait des tonnes. Elle nous fait un numéro de cabotinage des plus gênants.... Le reste du casting n'est guère brillant, avec Edgar Ramirez aussi fade que sa partenaire. Dascha Polanco peu convaincante en dehors de Orange is the new black. Elisabeth Röhm tentant d'être la méchante de l'histoire, mais faisant un peu tâche parmi cette bande de bisounours. Enfin, on a Bradley Cooper, dont le duo avec Jennifer Lawrence devrait rouler tout seul avec quatre films tourner ensemble et pourtant....
Est-ce dû au fait que David O. Russell leur laisse une grande liberté dans le jeu, en étant à l'écoute de leurs suggestions ? Quoiqu'il en soit, cela manque de profondeur, d'émotions et d'empathie. Après la curiosité des premières minutes, on s'ennuie face au parcours très simpliste de Joy, que l'on retrouve à la production. On est jamais mieux servi que par soi-même.


Un nouveau David O. Russell mineur, cela devient une mauvaise habitude. On espère que face au succès mitigé du film, cela va lui redonner un coup de pied aux fesses, pour qu'il se reprenne en mains. C'est un portrait trop lisse et n'exploitant jamais le potentiel intéressant, aperçu au début de l'histoire. Jennifer Lawrence ne devrait pas décrocher un nouvel oscar, où alors ce sera un scandale.

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le 31 déc. 2015

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Laurent Doe

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