Un film particulièrement difficile à critiquer. D'abord, tout est mauvais, voire pire, d'ailleurs, ça se voit dans les notes de mes éclaireurs adorés : les gens normaux mettent 2, on sent que le 3 qui traîne est assez dubitatif, mes amateurs de nanar moyen mettent 4 et mes idolâtres fous se laissent aller à un 5 que l'on imagine tout en panache. En tout cas, personne pour mettre la moyenne, ce qui est très rare...


Le film est une adaptation de William Gibson, un des papes du cyberpunk, Robert Longo réalise, inconnu au bataillon à tel point que wiki parle de lui comme du type qui a révélé Keanu Reeves et que personne n'a encore pensé à corriger la fiche...


L'histoire est complètement incompréhensible au vu de mes incroyables lacunes en informatique de base, mais je crois que ce n'est pas grave... En gros, Keanu se charge la tête d'une information et se promène pour la refiler ailleurs, bon, d'accord, sauf que les méchants veulent récupérer sa tête et qu'en fait, s'y trouve le destin de l'humanité... Un scénario en béton armé.


Le casting est un casting de film Z, au moins ils ne mentent pas : Keanu le lombric, donc, qui repousse encore (oui, oui, c'est possible) les limites de sa médiocrité en ânonnant péniblement ses lignes de dialogue dans le plus pur style Forrest Gump, une Dina Meyer qui n'a pas encore fait Starship Troopers, Ice-T, et j'en ai déjà trop dit, Takeshi Kitano qui doit se demander ce qu'il fait là et Dolph Lundgren qui arrive encore à être le meilleur acteur du film dans un des rôles les plus extraordinairement mauvais que j'ai pu voir dans ma vie.


L'ensemble se promène dans des décors en carton, lâche des punch-lines qui feraient pleurer ma grand-mère, bafoue à la fois toute dignité esthétique, morale et intellectuelle pour un objectif que l'on peine à concevoir, et se saborde magnifiquement dans un final grandiose où seul Flipper semble manquer... Ah, non, en fait il est là aussi, lui... Ils ne ratent rien les cochons !


Le film se reçoit en fait comme un K.O. debout qui durerait une heure trente, une espèce de voyage sensoriel vers le vide absolu, quelque chose qui ne se raconte pas, qui ne peut se partager et auquel, je l'avoue avec honte, je suis presque fier d'avoir survécu, la faute au vin, j'imagine, ou à la pleine lune, enfin, à quelque chose d'au-delà de la raison, c'est certain.


Un film qui me donne presque envie de remonter Judge Dredd ce n'est quand même pas banal, il va falloir que je creuse longtemps pour trouver une liste où le caser, lui... Je ne sais pas trop...


J'ai l'impression d'avoir été plus sûrement vidé de ma substance en voyant Johnny Mnemonic que Keanu-le-ténia en le jouant, c'est très perturbant, c'est comme s'il y avait quelque chose caché au fond du vide, une absence, un manque, un vide plus profond...


Voilà, c'est comme si le film avait inventé la profondeur du vide.


(A noter pour finir que les frères Wachomachin ont dû regarder ce film en boucle pour poser leur affreuse bouse, ce qui justifie plus facilement ma note que la vôtre...)

Torpenn
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le 8 mars 2012

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Torpenn

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