Après une entrée en matière par la plus belle des portes Fordienne avec une plongée dans l’univers westernien par excellence que représente les paysages de Monument Valley, l’auteur de ce documentaire sur celui qui fût l’un des plus importants, si ce n’est le plus important, des réalisateurs du cinéma américain, s’embourbe dans une espèce de logorrhée idéologique absolument caricaturale, et se met à bavarder inutilement avec un vocabulaire typiquement contemporain et orienté digne d’un reportage d’ARTE, ce qu’il est en fait.


Réduisant principalement la carrière de cet immense réalisateur au genre western, dont il fût incontestablement l’un des plus dignes illustrateurs et le premier à qui l’on pense quand on veut entrer dans l’univers de ce genre qui constitue la porte d’entrée idéale de l’histoire blanche américaine, l’auteur dresse un portrait plutôt convaincant du personnage John Ford. Illustrant son propos avec des images d’archive l’auteur fait des allers-retours entre le passé et le présent avec des témoignages de personnalités, dont le petit-fils de Ford.


Là où le bât blesse, c’est quand il aborde l’aspect politique du cinéma de John Ford et qu’il se met à tomber dans les éternels travers de la vision franchouillarde de ce que représente les questions de l’identité américaine avec un manichéisme digne d’un discours d’Emmanuel Macron. Opposant deux visions idéologiques de cette société extrêmement complexe, comme s’il y avait les méchants pro-Trump et les gentils pro-Obama en quelques sortes, il réduit le cinéma de cet auteur extrêmement subtil à une dualité entre les bons et les mauvais avec des arguments digne d’un collégien, ce qui représente l’exact opposé de la vision reconstituante et réunificatrice de la société américaine Fordienne.


Intéressant d’un point de vue archives, ce documentaire ne s’avère au final pas très subtil pour traiter des grandes thématiques du cinéma Fordien, les questions de l’identité américaine, la frontière, le poids de la justice, etc…, et tombe dans le plat en usant d’un manichéisme pompier et pompeux très actuel. Mieux vaut revoir le Directed By John Ford de Peter Bogdanovich qui s’évertue beaucoup plus à rendre grâce à l’œuvre de ce géant du septième art.

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le 22 mars 2019

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