Un bon film bien sélectionné, on ne demandait rien de plus.

Outplay, figure de nom de la communauté de gay, s'évertue — tant bien que mal — à distribuer en salles du produit destiné à ce public. C'est une bonne chose, mais ça l'est moins lorsque la société se montre peu regardante et distribue du jus de navet comme L.A. Zombie. C'est un comble qu'un distributeur censé mettre en avant la communauté la salisse, surtout lorsqu'une partie de la population compte sur lui pour proposer autre chose que des produits stéréotypés comme Tout va bien, The Kids are All Right. Néanmoins il faut savoir pardonner et Outplay a trouvé la bobine qui lui permettra de redorer son blason. Cette bobine c'est Órói, Jitters chez nous (littéralement « trac »), un produit Islandais ayant rencontré un certain succès dans les festivals indépendants, qu'ils soient gays ou non.
Cependant, que ce soit clair tout de suite, Jitters n'est pas un film se focalisant sur l'homosexualité. On a certes notre protagoniste, Gabríel (Atli Oskar Fjalarsson), qui vit une expérience homosexuelle au début du film, avec un jeune inconnu lors d'un voyage, puis il cherche à retrouver celui-ci, tout en se cherchant lui-même, mais quoiqu'il en soit il ne reste qu'un centre autour duquel gravitent ses amis, qui ont eux-aussi leurs soucis, qui seront évidemment traités lors du développement de l'histoire. Dans le fond Jitters ressemble d'ailleurs pas mal à Turn Me On, même si la forme est très différente, l'humour étant absent, ou seulement froid, comme à peu près tout ce qui compose cette oeuvre, baignant dans une morosité tantôt pataude, tantôt restituée par un véritable génie de mise en scène, notamment lors de son final, mené crescendo et d'une tristesse poignante et cruelle.

Jitters n'est donc pas un film destiné uniquement à la communauté gay, se voulant ouvert à un public large (il est néanmoins clair que les homophobes ne seront pas inclus dans celui-ci). C'est une histoire d'ados qui se cherchent puis se trouvent, ou se perdent, que ça soit sexuellement ou socialement. Un sujet traité de façon rafraîchissante en comparaison de bon nombre d'oeuvres sur l'adolescence. A fortiori le casting est des plus efficaces, affichant une pléiade de talents qui paraissent naturels, permettant à l'oeuvre de gagner encore plus en puissance.
Tout est typiquement Islandais, que ça soit dans son lyrisme inhérent, ses situations banales qui deviennent passionnantes comme le sont ses paysages, sa mise en scène glaciale et nonchalante, sans oublier sa bande-son d'une splendeur happant qu'un peu plus le spectateur (signée Olafur Arnalds, qui a directement enchaîné avec Hollywood sur Another Happy Day).
Ça n'est cependant peut-être pas le film de l'année, la faute à quelques points de l'histoire traités avec moins d'inspiration, mais cela reste un drame n'étant pas dénué d'intérêt et permettant à Outplay de se faire pardonner et regagner en crédibilité. Un bon film bien sélectionné, on ne demandait rien de plus.
SlashersHouse
7
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le 6 juin 2012

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