Jiraiya, héros sacré
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Jiraiya, héros sacré

Court-métrage de Shôzô Makino (1921)

Bon, bon, bon, bon, [...] bon, qu'avons-nous vu là ? une œuvre quelque peu obscure qui ne parlera probablement pas à la majorité des occidentaux que nous sommes (sauf toi qui est peut-être japonais ou grand japanophile et qui me lit en ce moment), hormis au travers du nom du personnage principal donnant son nom au court-métrage et dont on peut voir une référence dans le très célèbre manga Naruto, pour cause l'inspiration en est directe.


Pour celles et ceux qui auraient quelque peu perdu le fil en raison de la très faible présence de textes pour illustrer l’œuvre voici ci-dessous une petite explication basée sur une rapide lecture explicative de l’œuvre originale sur le web :


Jiraya est un héros légendaire, un guerrier mythique extrêmement puissant, ici un ronin pourvu de pouvoirs lui permettant d'atteindre l'invisibilité ainsi que de se changer en crapaud géant afin de gagner en puissance. Véritable redresseur de tords, il combat des soldats ayant enlevé un enfant, puis intervient auprès du seigneur local pour faire enfermé l'homme qui n'est autre que l'un des officiers du Seigneur. Face à la dénonciation de Jiraya, l'officier se rebelle et s'en prend à lui, mais devant une telle réaction le seigneur comprend que Jiraya dit vrai, se fâche, et fait saisir l'officier par ses soldats.


Bien plus tard, Jiraya semble avoir prit la place de l'officier et entraine les soldats, ou plus précisément leur met la pâtée pour les endurcir. Mais voilà que débarque l'officier armé d'une hallebarde et prêt à en découdre ! ils se lancent alors tous deux dans un combat acharné, Jiraya se transforme en crapaud, mais hélas l'officier possède une parade à présent puisqu'il peut se transformer lui-même en serpent, tous deux s'affrontent alors (de façon très immobile) jusqu'à ce qu'intervienne la princesse Tsunade en se transformant en limace afin d'aider Jiraya (de façon très immobile également), pour finalement occire le serpent.


Mais le seul homme capable de faire revenir le serpent était le prêtre Zenshu, proche du seigneur. Ainsi donc Jiraya, la princesse, ainsi qu'un soldat, partent pour s'entretenir devant le prêtre qui en guise de réponse lâche les soldats sur eux, avouant de ce fait sa culpabilité. Ils finiront par le tuer, avec l'intervention des soldats du Seigneur.


Dans l'ensemble ce film constitue une pièce rare, pratiquement de facto l'un des premiers exemples de proto-super-héro au cinéma, piochant dans les premiers effets spéciaux de l'époque, bien que des montages de ce type aient déjà été expérimentés plusieurs années auparavant par d'autres cinéastes tels que Georges Méliès, ce qui n'enlève rien à la performance et à l'originalité de l’œuvre et à son coté fulgurant.


De façon assez amusante, nous pouvons voir dans ce film ce qui constituera pour des décennies et qui constitue encore aujourd'hui des éléments typiques du chambara et plus largement du cinéma d'époque de l'est asiatique : un scénario assez porté sur le fantastique issu d'un conte folklorique ou d'une littérature classique, des combats ultra-chorégraphiés même s'ils sont encore un peu simples à cette époque mais très graphiques et une identification des personnages basé sur des éléments vestimentaires ou des accessoires.


Il convient de remettre le produit dans sa période, le sujet en lui-même est plutôt original, et la volonté de parier sur des effets spéciaux est plutôt osée même si elle est très maladroite avec des montages globalement mal maitrisés, cela reste assez honorable. Ce qui est néanmoins nettement moins honorable est le coté totalement opaque de l’œuvre finale par sa quasi-absence de textes écrits qu'ils soient explicatifs ou traduisant les paroles des personnages, et sa juxtaposition de scènes à la truelle. Errance d'un cinéma encore naissant ? je veux bien le croire, d'autant que je doute que ma connaissance du cinéma asiatique des années 20 me permette véritablement d'analyser les œuvres d'un point de vue narratif d'autant que les enjeux me paraissent très minces, mais toujours est-il qu'il n'est nul besoin de haut niveau technique pour faire comprendre une œuvre ou la raconter de ce point "Jiraya, Héros sacré" se plante lamentablement. Dommage.

Crillus
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le 12 avr. 2015

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Crillus

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