Jeannot l'intrépide
6.4
Jeannot l'intrépide

Long-métrage d'animation de Jean Image et Charles Frank (1950)

Le premier long métrage d'animation français, et c'est pas brillant brillant...

Jeannot l’Intrépide est le premier long métrage d’animation français, ce qui fait de son réalisateur, Jean Image, un pionnier local. Si l’initiative est honorable, le résultat, d’un point de vue artistique, se révèle très décevant, l’œuvre est d’ailleurs rapidement tombée dans l’oubli le plus total, en dépit du fait qu’une partie de l’histoire ait été ultérieurement présentée sous la forme d’une série télévisée (Joë chez les abeilles).


L’histoire nous emmène à la redécouverte du conte du Petit Poucet, une idée sympathique qui présente quelques trouvailles visuelles pleines de fraicheur. Le voyage de Jeannot rapetissé aux pays des abeilles est distrayant. Les couleurs sont chatoyantes, si elles manquent de subtilité il est vrai qu’elles procurent au film un aspect flamboyant plutôt agréable.


Il est impossible de parler d’amateurisme sans insulter les artistes ayant travaillé sur ce film, pourtant l’impression que l’on éprouve en le visionnant s’en approche. Le problème ne vient pas tant des dessins élémentaires que de leurs mouvements tarabiscotés. En effet, le principe même de l’animation n’est pas pleinement maitrisé, et, en l’état, l’illusion manque cruellement de précision et de finesse. Les artistes abusent trop souvent de boucles grossières dans les séquences. Les personnages apparaissent sans consistance, comme des poupées de caoutchouc. Leurs visages se déforment et leurs mouvements défient les lois de la logique. Leurs expressions primaires se résument souvent à des yeux ronds pour la surprise, et des triangles pour la colère ou la concentration. Par ailleurs, Jeannot et ses frères sont tous identiques et ils manquent de personnalité. Les autres personnages du film ne résultent pas non plus d’une grande recherche. Le film est peuplé de nombreux insectes sans aucun signe distinctif les uns avec les autres, si ce n’est une couronne pour la reine des abeilles.


Aucun autre aspect du film ne se distingue : la musique et des dialogues sont sommaires ; les décors sont vides ; les plans sont bancals et les perspectives sont trop souvent ratées ; l’humour ne fonctionne pas. En fait, c’est l’œuvre tout entière qui manque de profondeur, mais surtout de précision.


Sur le plan de la nouveauté, plus de dix ans séparent Jeannot l’intrépide de son équivalent américain, Blanche-Neige et les sept nains, et le moins que l’on puisse dire est que la comparaison est impitoyable à l’égard de ce malheureux Jeannot, qui n’arrive jamais à égaler le premier chef d’œuvre des studios Disney. À vrai dire, il ne lui arrive même pas à la cheville.


Il est très difficile de prendre le moindre plaisir devant ce spectacle négligé, qui peinera même à susciter la curiosité des plus grands passionnés en raison de ses innombrables lacunes. Jeannot l’intrépide n’est tout simplement pas un bon film d’animation, trop quelconque il n’est pas le digne représentant d’un premier film d’animation français tel que le public l’espérait. Jean Image, qui souhaitait créer un long métrage dans la tradition de Walt Disney a sans doute placé son ambition au-dessus de la rigueur que sollicitait une telle production.


https://www.cineanimation.fr/

Casse-Bonbon

Écrit par

Critique lue 88 fois

Du même critique

Je peux entendre l'océan
Casse-Bonbon
2

On s'en fout de ta vie...

« Je peux entendre l’océan », ou "Tu peut entendre la mer" selon la traduction, est un téléfilm nippon, produit par les studios Ghibli. C’est pour moi une grande déception, car j’ai été habitué à...

le 3 oct. 2018

7 j'aime

3

Le Grand magasin
Casse-Bonbon
4

La Grande Galerie des animaux

Ce film d'animation japonais réalisé par Yoshimi Itazu nous transporte dans un univers singulier, celui d'un grand magasin où les clients sont tous des animaux. L'adaptation du manga de Tsuchika...

le 16 nov. 2023

6 j'aime

2

The Thing
Casse-Bonbon
5

Un ennui mortel

Aie aie aie ! Je me rends compte au vu des notes attribuées par mes éclaireurs que je suis le seul con à n’avoir pas apprécié ce film, alors je m'interroge: pourquoi est-ce que je suis complètement...

le 18 janv. 2022

6 j'aime

1