Curiosité nocturne

Cette salle de cinéma est minuscule, une atmosphère intimiste m'enveloppe. Un peu comme ce film qui nous fait pénétrer dans la fable d'Anna et Théodore. Ce brin d'histoire m'a complètement envoûté. Je pense que ce que j'ai le plus apprécié c'est le côté à la fois très familier et naturel de l'histoire qui n'est ni surfaite, ni sublimée et en même temps l'alchimie qui s'y crée, la rendant tout à coup exceptionnelle. Ce film nous invite à rentrer dans un voyage intime, chimérique et presque mystique au cœur du « jardin secret » des deux amants dans le parc des Buttes-Chaumont à Paris. Nous ne sommes pourtant pas voyeurs, mais complices.

On nage dans une délicate contemplation. Le jeu des acteurs, leurs regards, leurs silences, la mise en scène mais aussi la perception de la ville à travers la voix d'Agathe Bonitzer sont un véritable plaisir des sens et démontrent une certaine liberté dans la forme qui rend le film d'autant plus émouvant. On est à la fois confus mais conquis par cette atmosphère particulière ! Poétique et loin d'en faire trop, c'est à la fois un hommage esthétique à Paris, la beauté et la nature.

Pourtant, ce long métrage reste un mystère. On a la sensation de rester à la surface, ça manque de profondeur. Mais c'est aussi ce qui fait toute la magie de l'histoire, nous apprenons à connaître les personnages comme eux apprennent à se découvrir. Mais attention... Rien n'est jamais achevé et tout n'est que résonance. On a alors la sensation que quelque chose s'y construit et s'y détruit en permanence. Mais si tout est comme dans un rêve, c'est avant tout celui d'une évasion. Car la nuit dans le parc, nous plongeons hors du temps et de l'espace. C'est l'imprévisible, plus besoin d'aller à l'autre bout du monde, il suffit de briser un peu les normes et de s'oublier soit même.

L'image devient brumeuse, on sent que l'histoire nous échappe... C'est la fin. Son caractère inachevé nous laisse dans un état de semi-présence particulier, comme encore étreint par une chanson de Minizza...