Un soldat qui ne gagnera aucune bataille

L'aspect documentaire du film (la dénonciation du trafic et de la maltraitance des chiens) serait plutôt intéressant. Louise Bourgoin ne manque pas de charme et son interprétation est très correcte. Tout le reste est sinistre, incompréhensible, limite débile : le réalisateur et son co-scénariste ne sont pas capables de nous faire comprendre le comportement des différents personnages (et notamment le dilemme mental de l'héroïne entre la satisfaction de gagner de l'argent et la honte, le blues de le gagner salement). Un exemple ? Un des moments les plus intenses du film montre Sandrine (dont l'oncle possède un chenil et qui l'y seconde) prise d'une sorte de crise de désespoir et de révolte, suite à un grave clash avec son oncle qui, alors, s'est une nouvelle fois absenté du chenil : elle frappe avec un gros bâton, sans raison autre que son mal-être, les barreaux des cages des gros chiens (genre bergers malinois) qui y sont enfermés et donc excitent ces bêtes prisonnières, à qui elle transmet instantanément sa colère et sa révolte. La scène dure plusieurs minutes. D'abord, on se demande ce que font là ces gros chiens (adultes de 2, 3, 4 ans), alors que son oncle ne fait le trafic que de chiots et qu'au delà de 15 semaines, ceux-ci sont considérés comme invendables et "bons pour la casse". Puis, après avoir excité les chiens au maximum, Sandrine (Louise Bourgoin) retire à 95% le verrou de la cage d'un des gros chiens les plus excités par le bruit du bâton contre les barreaux. Acte suicidaire, de culpabilité ou de pure folie passagère ? Comprenne qui peut, rien n'est dit, rien n'est montré qui puisse nous aider à comprendre. Puis Sandrine s'éloigne, tournant le dos aux cages. Evidemment, celle dont elle a quasiment tiré le verrou s'ouvre, le gros Malinois bondit hors de son enclos, saute sur la fille, la précipitant par terre et la mord sauvagement à plusieurs reprises. Cut. On retrouve Sandrine à l'hôpital, couverte de vilaines blessures aux jambes et à mi-dos. Pas un mot d'explication (ni d'elle, ni de personne). Je suis sorti exaspéré de la projection. Et complètement déprimé.
Bref, un film mal ficelé que j'ai regretté d'être allé voir.