Deuxième film de Régis Wargnier (après La femme de ma vie), adapté d’un roman de Susan Hill (I’m the king of the castle), le film frappe par ses partis-pris. Visant un certain lyrisme, la mise en scène de Wargnier ne se refuse rien. Grands mouvements de caméra, décors et ambiance oscillant entre sinistre et fantastique, scène de nature quasi-onirique, et enfin et surtout, un choix musical des plus particuliers : Prokofiev. L’immense compositeur Russe décédé en 1953, qui en dehors de ses œuvres propres avait composé pour le cinéma (pour le réalisateur Eisenstein). La béo reprend exclusivement des œuvres pré-existantes du compositeur (méthode qu’affectionnait Kubrick) pour les redessiner et leur donner une nouvelle vie, un nouvel éclairage. C’est parfois grandiloquent, mais terriblement marquant.
La scène de l’escapade des enfants en pleine forêt, où subitement les rôles de dominant-dominé se trouvent inversé, est magnifiquement filmée, jusqu’à son dénouement étrange.
Le combat que se livrent les deux sales gosses est digne de « Sa majesté des mouches », avec derrière la façade angélique du petit Thomas (le genre blondinet aux yeux bleus) un vrai sadisme assez troublant, qui cache un mal-être tout aussi troublant. Leur jeu de domination est poussé très loin, mais pourtant jamais on ne se dit « un gosse ne pourrait pas faire un truc pareil ». C’est au contraire avec une fascination morbide qu’on se dit que si…
La réalisation de Wargnier assume ses choix de bout en bout, avec quelques défauts, notamment dans le jeu des enfants (non professionnels, ce qui n’est pas une évidence dans ce milieu où des gosses de 10 ans ont déjà une filmo longue comme le bras). Non pas que les garçons soient mauvais comédiens, ils se débrouillent plutôt bien, mais la direction d’acteur de Wargnier est parfois sa vrai faiblesse. Quant aux adultes, Rochefort joue les dandy avec sa classe habituelle, et Dominique Blanc est parfaite.
Au final, demeure une œuvre singulière, unique dans la filmo en chute libre de Wargnier, dont les choix dérouteront ou enthousiasmeront, c’est selon…

harry_powell
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le 19 sept. 2016

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