Je ne suis pas un homme facile
5.3
Je ne suis pas un homme facile

Film DTV (direct-to-video) de Eléonore Pourriat (2018)

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Ce film ne restera dans les annales ni pour la virtuosité de sa réalisation, ni pour aucun aspect technique. C'est un film on ne peut plus classique, propre et lisse de ce point de vue.


Ceci étant dit, le film a néanmoins de belles qualités! D'abord, son point de départ convenu (inversion des rôles hommes/femmes) ne devient pas le prétexte à une énième comédie bancale où l'on rit de voir un homme travesti passer l'aspirateur (parce que, oui voir un homme faire le ménage c'est du comique de situation, aha!). Ici, on est face à une simple inversion de casting. On prend des rôles masculins convenus: le beau-gosse quadra dynamique macho et dragueur, son super pote marié-avec-enfants-mais-sa-femme-est-chiante-parce-qu'elle-veut-partager-la-charge-mentale, le dragueur à la sexualité dictée par le porno, l'ouvrier portugais, le vieux motard pilier de bar libidineux, et on les donne à des actrices. D'un autre côté: la femme au foyer délaissée par son mari qui la trompe, la femme révoltée qui veut changer les choses persuadée qu'elle est indépendante mais qui va quand-même devenir accro à son flirt un peu/beaucoup salaud, la concierge en mode gossip et blouse à fleurs, la secrétaire qui apporte surtout des cafés, tout ça, hop! c'est pour des acteurs.


Le résultat final est donc une joyeuse inversion des genres dans des rôles stéréotypés et c'est finalement en cela que le film a tout son intérêt. Il n'est finalement ni plus militant, ni plus jugeant que s'il s'était contenté de mettre des femmes à la place qui leur est dévolue selon les standards de la société et pareillement pour les hommes. Simplement, ce procédé tend un miroir inversé aux deux sexes, le tout avec beaucoup de justesse. C'est d'ailleurs ce qui justifie ma note. La réalisatrice parvient à ne jamais tomber dans la caricature - malgré quelques maladresses. Et si, au début, on rit des déboires de Damien qui se retrouve dans un monde où tous ses codes parfaitement intégrés le font passer pour un fou, on finit bien vite par rire jaune et en se posant pas mal de questions. Nous sommes donc face à un film intelligent, qui traite un sujet d'actualité et de société sans donner de leçon, ce qui est suffisamment rare pour prendre la peine de le signaler.


Je termine par une mise en garde. Spectateur.trice. si tu veux voir un film qui imagine ce que serait une société matriarcale, passe ton chemin. Le but n'est pas ici de démontrer que les femmes auraient fait mieux ou je ne sais quoi. Le but est simplement de te placer, toi qui a des yeux pour regarder, dans les baskets de l'autre sexe pour te faire réfléchir sur tes préjugés, ton éducation, tes réactions, tes jugements à l'emporte-pièce etc.
Une belle audace - efficace - donc que ce film!

MélissaBitaud
8
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Créée

le 9 mai 2018

Critique lue 877 fois

6 j'aime

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MélissaBitaud

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