1979, accompagné par la voix grave et fataliste de Jim Morrison chantant «This Is The End», Francis Ford Coppola tétanisait la planète entière avec les images d’une forêt se consumant sous les bombardements au napalm en prélude d’«Apocalypse Now». Huit ans plus tard, Coppola n’en a pas fini avec le traumatisme vietnamien, mais cette fois-ci, le cinéaste ne filmera pas «au cœur des ténèbres», des militaires en proie à la folie la plus meurtrière, non, il posera sa caméra au sein d’un escadron d’arrière-garde, dans l’intimité du cimetière d’Arlington en Virginie, pour les besoins du magnifique «Jardins de pierre». Nous sommes en 1968, le Sergent Clell Hazard (formidable James Caan), un ancien soldat décoré pour son passage dans la guerre du Vietnam, est révolté. Sa révolte n’est ni politique, ni morale, mais bel et bien humaine. Clell commande la «Old Gard», l’unité d’Arlington chargée des enterrements de soldats et en cette triste année 68, la cadence est parfois de «Vingt trous par jour». Pour cet ancien homme de terrain, cette guerre est un véritable gâchis de vies humaines et elle est sans issue pour l’armée américaine. Sa dernière recrue, Jackie Willow (D.B.Sweeney), lui rappelle son fils mort au combat et il voit en ce jeune garçon le symbole de ceux que l’armée envoie à la mort. Entre les deux hommes, se tissent des liens d’amitié très forts. Mais Willow ne veut pas être qu’un soldat d’opérette armé de balles à blanc, il veut à tout prix rejoindre une unité de combat. Coppola filme la guerre du Vietnam avec une philosophie différente, on n’y voit ni la guerre, ni le Vietnam. Le metteur en scène choisit le parti pris de l’humanité plutôt que celui de l’inhumanité en faisant de James Caan et James Earl Jones (Sergent-Major Nelson), des hommes avant d’être des soldats, de simples hommes, des hommes qui doutent, des hommes qui pleurent. Loin du vacarme assourdissant des bombes, loin de la fureur et de la folie, Coppola nous fait traverser avec retenue et pudeur, les allées de ces jardins de pierres véritables témoins silencieux des horreurs de la guerre !

RAF43
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le 11 févr. 2019

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