Quand Jack Reacher est sorti, ça me semblait pourri. Alors que la seule chose à laquelle j'avais été exposé, c'était l'affiche. C'est dire l'importance du choix du visuel qu'on présente. Là, il n'y a que Tom Cruise, un flingue en main, devant une voiture, dans des tons oranges-marrons moches. J'ai jamais été fan de Tom Cruise, et la seule chose censée vendre le film ici, c'est Tom Cruise. Un flingue en main.
Ah et comme en guise de gag, il y avait le nom de Werner Herzog, en petit, en bas, parmi les acteurs. Herzog en tant qu'acteur dans un film d'action, ça paraissait saugrenu.
Mais en cherchant des films d'action ces temps-ci, j'ai lu que Jack Reacher n'était pas si mal que ça. En fait, j'ai même lu des gens enchantés que ce soit le réalisateur de Jack Reacher qui fasse Mission impossible 5.
Alors allez, pourquoi pas.


C'est marrant comme tant de films cherchent à créer leur propre personnage mais veulent en faire le badass ultime. On retrouve pour cela toujours un peu la même caractérisation : c'est un ancien agent du gouvernement, qui a reçu de nombreuses récompenses, qui excellent dans son domaine, mais qui s'est retiré du milieu et maintenant, personne n'est même sûr qu'il soit vivant. Ah et surtout, il est extrêmement dangereux !
A force, ces procédés n'ont plus aucun effet pour moi, surtout que dans les deux dernières semaines j'ai vu Taken et Equalizer, où c'était plus ou moins ainsi.
Alors qu’en fin de compte, le personnage apparaît comme badass bien plus efficacement en action. Jack Reacher est très bon en combat et en raisonnement, même mieux que ça, il est surpuissant. Ce n’est pas crédible, non, certaines de ses déductions sont tirées par les cheveux, mais c’est plaisant à voir.
Mais le héros apparaît surtout vif d’esprit à travers les dialogues, pour certains très futés, et délivrés à un rythme qui oblige le spectateur à rester toujours en éveil pour ne pas en rater une miette. Le premier long dialogue entre Reacher et Helen Rodin, l’avocate avec laquelle il va collaborer sur une affaire pour toute la durée du film, suffit à leur donner une profondeur étonnante, à établir leur personnalité sommairement mais efficacement, et à poser un dilemme intriguant pour le personnage féminin.
Mêmes les vannes de ce film sont impressionnantes.


J’attendais un film d’action, j’ai eu plutôt droit à un film d’enquête avec une dose de thriller. Et l’enquête justement est captivante, de par les nombreuses découvertes qui jalonnent le parcours des protagonistes.
Mais par rapport à la plupart des fictions du même genre, celle-ci se penche d’avantage sur ses personnages, faisant d’une certaine sensibilité inattendue dans leur traitement, notamment lorsque le scénario prend le temps d’humaniser les victimes du massacre qui amorce l’intrigue.
En fin de compte, le film aurait pu se passer de scènes d’action que ça ne m’aurait pas dérangé. (quand je pense à ce spectateur qui s’est fait rembourser son billet parce qu’il n’y avait pas une explosion qui était dans la BA… comme si le film n’avait rien d’autre à proposer)
D’ailleurs, ces séquences d’action se font rares, éparses, et hormis l’affrontement finale, se finissent rapidement. C’est dommage, mais il y a un combat que j’ai trouvé étonnamment merdique, où le héros s’en sort car il est attaqué par deux abrutis qui se gênent mutuellement, comme des personnages de cartoons. C’est tellement mauvais que j’avais du mal à y croire, au milieu d’un film de qualité jusque là.
En revanche, il y a une poursuite en voiture très prenante, essentiellement grâce à la mise en scène. Il n’y aucune parole, juste les bruits de moteurs et de chocs entre les véhicules. Tout passe par l’image.
(bon, ça se finit sur un truc bête, l’inconnu qui aide Reacher et sourit bêtement ; comment il sait qu’il ne vient pas de sauver un criminel dangereux ?)


La réalisation, très soignée, c’est un autre point fort de ce long-métrage.
Christopher McQuarrie s’efforce d’offrir une mise en scène originale, dès qu’il en a l’occasion. Les 8 premières minutes du film se déroulent également sans paroles, mais on comprend très bien ce qu’il se passe. Il y a quelques idées de plans tels qu’on en a rarement vus. Lors du massacre d’innocents au début, on reste longuement dans le viseur du tueur, qui passe doucement d’une cible potentielle à une autre. Et même du point de vue du sens de ce plan, le fait de mettre le spectateur ainsi dans la peau du criminel, avec pour seul bruit celui de sa respiration, tandis qu’il commet une chose pareille, c’est audacieux.


Par contre, je ne comprends toujours pas pourquoi avoir choisi Herzog pour le méchant. Non pas qu’il soit mauvais, mais c’est comme, je sais pas… choisir Jorzy Skolimowski, le réalisateur du Cri du sorcier, pour jouer un rôle secondaire de scientifique. Ah non, ça a été fait dans Mars attacks.


Jack Reacher est une très bonne surprise, et Christopher McQuarrie un réalisateur/scénariste à suivre.

Fry3000
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le 30 août 2015

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Wykydtron IV

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