/SPOILERS/
Ainsi se conclue (presque) le film à travers la voix du fils de Kevin, alors même qu'il montre à peu près l'inverse pendant deux heures, envers et contre tout. C'est assez cohérent en réalité, puisqu'on assiste à cinquante nuances de masculinités, entre quatre frères plus (ou moins) virils les uns que les autres mais pour autant très différents, développant chacun sa sensibilité sans caricature. À mes yeux, même l'amour du père pour ses enfants se ressent finalement : il parvient à transparaître derrière ses indépassables sévérité et égoïsme butés, qui malheureusement l'emportent… Le film s'avère alors très touchant, bien raconté et bien filmé mais sans fioritures, et les personnages sont tous singuliers ainsi que subtilement caractérisés. Ce contraste est d'ailleurs réussi avec le monde du catch, dont les fioritures constituent au contraire l'attrait principal.
Par-dessus tout, la grande force du film est tout de même selon moi sa capacité à faire ressentir les tensions sous-jacentes (amoureuses, fraternelles, paternelles) sans en rajouter, pudiquement mais pas moins fortement. Ainsi on croira volontiers à l'amour de Pam et Kevin, aux difficultés qu'ils traversent, et à leur affection réciproque qui vaincra ces dernières. On retiendra notre souffle devant le quatuor de frères, se demandant quand la rivalité implicite et malsaine entre eux (vis-à-vis du catch aussi bien que de leur père, qui établit d'ailleurs un classement de préférence parmi ses enfants...) fera voler en éclat leur émouvante complicité. Enfin on attendra le moment de rupture, où leur affection soumise à l'égard de leur père atteindra ses limites...