Mari couche-toi là

Bon, encore un film où Cary est contre le mariage, c'est ma semaine... (et devinez quoi ? Attention spoiler : il va encore changer d'avis.)

Adapté d'une pièce de théâtre, le film est très... théâtral. Et bavard. C'est presqu'un huis clos, tout se passe dans l'appartement d'Anna Kalman (Ingrid Bergman), actrice à succès célibataire, à part quelques stock-shots et une scène de promenade dans Londres. Elle a le coup de foudre pour un collègue de son beau-frère qui vient se changer chez elle avant un dîner officiel. Philip lui dit qu'il est marié, mais cela ne l'empêche pas de tomber amoureuse, tout en sachant qu'il ne pourra jamais l'épouser. Ils vivent une petite vie pépère (et que je te fais des inhalations, et que je t'offre un bateau, oh non, c'est moi qui achète les fleurs). Sauf que, vaudeville inversé, il n'est pas marié. Il est juste contre l'idée, alors autant faire croire que c'est impossible pour s'éviter les embrouillamini. Furieuse en le découvrant célibataire (ha, ha, ha) l'actrice mijote un plan pour se faire demander en mariage. Deuxième film de la semaine où une femme piège un homme. A certaines répliques tellement calibrées boulevard ("I don't want lobster, I need a man"), on se retourne presque pour vérifier si la salle de théâtre rit pendant qu'on s'afflige et on s'ennuie.

Cary Grant a 54 ans et Ingrid Bergman 43, autant dire que ce ne sont pas des perdreaux de l'année et le film peut donc laisser supposer qu'ils ont des relations sexuelles, ça change un peu des pucelles attardées, même si la seule fois où on voit le couple dans un lit ensemble c'est en split screen. Le couple fonctionne, peut-être sur la mémoire qu'on en a des Enchaînés, mais Ingrid Bergman n'est pas taillée pour ce genre de rôles, il lui manque toute la légèreté de son camarade de jeu.

La seule chose à garder c'est donc Cary, super séduisant, en smoking la moitié du film, dans un rôle plus charnel, de jouisseur à la Guitry. Il joue ici à fond sur le fil, laissant affleurer sa joie d'être là sans y croire tout à fait, en nous chuchotant dans l'oreille "je suis un acteur"...