Immaculée
5.6
Immaculée

Film de Michael Mohan (2024)

Si vous recherchez de l'originalité, allez voir ailleurs. C'est une espèce de mix foireux entre Rosemary's Baby, La Malédiction, le cinéma de Dario Argento, celui de Mario Bava, la nunsploitation (oui, tous les prétextes sont bons pour en laisser, à plusieurs reprises, le moins possible à l'imagination du spectateur... après, vu que cela concerne la plastique de Sydney Sweeney et deux-trois actrices italiennes pas dégueulasses non plus à regarder, je ferais preuve d'hypocrisie si je m'appesantissais en récriminations !).


Sur le plan scénaristique, c'est du vu et du revu donc. Oui, si vous avez déjà regardé le Polanski et le Donner susmentionnés, vous allez tout griller vite fait. Si on retrouve une tentative de mêler le suspense, la violence et l'érotisme du giallo, le réalisateur ici n'a pas du tout le talent visuel d'Argento ou de Bava pour faire péter les couleurs en intérieur ou de sublimer un seul instant les extérieurs (italiens en plus, il y a de quoi faire, pourtant !), le tout étant terne en ce qui concerne une image grisâtre, sans le moindre contraste, sans la moindre fulgurance.


Les deux premiers tiers ont pour volonté de poser tranquillement une multitude d'éléments qui ont du potentiel (une dent et un ongle qui se perdent, des êtres avec des masques rouges mystérieux, des personnages secondaires vite négligés, voire oubliés, l'accident de l'héroïne auquel elle a miraculeusement survécu enfant, la connaissance qu'ont les antagonistes de son passé, euh, elle n'a pas de proches non plus ?, etc. !), mais qui ne sont pas du tout exploités par la suite.


Quant à une réflexion quelconque sur la foi, sur la religion, le rapport que notre protagoniste a avec tout cela, son évolution éventuelle sur ces questionnements, vous pouvez toujours vous brosser. Tout ceci n'est en rien aidé par une durée assez courte de 88 minutes, générique de fin compris, qui ne permet nullement de creuser un minimum efficacement tout ça. Mais ce n'est pas le seul problème, il y a aussi une grosse incompétence au niveau de l'écriture.


En effet, on peut déjà sentir qu'il y a un gros souci quand, lors des premières minutes dans le couvent (alors que tout paraît encore à peu près normal en apparence !), la jeune femme a l'air de découvrir le fonctionnement de ce type d'établissement, alors qu'elle dit, lors d'un échange, qu'elle a vécu dans un autre couvent aux États-Unis auparavant (oh, une nonne qui prie, allongée sur le sol de l'église, qu'est-ce que c'est surprenant, c'est sûr !). Elle se comporte plus en gamine arrivant dans un nouveau lycée qu'en personne profondément croyante, au point de vouloir se marier à Dieu.


Pour ce qui est du dernier tiers, alors là, tout s'accélère d'un coup, avec une accumulation de séquences totalement grand-guignolesques, qui achèvent de niquer la moindre notion de vraisemblance (bordel, tu es une meuf en train d'accoucher et tu te mets en mode Rambo ?).

Autrement, dès l'introduction, que ce soit dans la narration, sur le son, avec des montées de volume quand on est censé être effrayé, le film reprend tous les poncifs possibles du film d'horreur moyen bien moyen, jusqu'aux jump scares les plus éculés et les plus inutiles qui soient.


Si le long-métrage évite d'être un navet complet, c'est uniquement parce que Sweeney se donne à fond dans son personnage, en particulier lors de la conclusion, très physique. Dommage que son talent ne soit pas au service d'un truc bien bien meilleur.

Plume231
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le 23 mars 2024

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Plume231

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